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25 février 2008 1 25 /02 /février /2008 00:00
Au sujet du livre
Catalogue raisonné des plantes vasculaires 
des îles Baléares
de P. Marès et de Guillaume Vigineix
 
Nous pouvons consulter entièrement le livre Calalogue raisonné des plantes vasculaires des îles Baléares du Dr Paul Marès et de Guillaume Vigineix (Le petit Viginet, n° 8, février 2005) grâce au site espagnol de la Biblioteca Digital, Real Jardin Botanico (CSJC), alors, par cet article, nous dévoilons un peu plus la teneur de cet ouvrage. 
Suite de l'article paru sur le blog le 2 mars 2007 : Il laisse son nom à une fleur...
Rappelons l'hommage du début du livre (p. II).
 
« Vigineix, mon regretté collaborateur, est mort le 9 juin 1877, à Paris, enlevé à l'âge de soixante-sept ans par une maladie de cœur, dont les privations du siège avaient développé les symptômes et accentué la gravité.
Fils d'un pauvre menuisier du village d'Aidat [Aydat], en Auvergne, Vigineix dut lutter pour l'existence dès sa plus tendre jeunesse. D'abord berger chez un voisin, puis apprenti dans la maison paternelle, il ne reçut que les rudiments de l'instruction la plus élémentaire. Mais il aimait profondément la nature, et, tandis qu'il gardait ses moutons, le jeune pâtre observait déjà les plantes et les fleurs de ses montagnes.
Son apprentissage terminé, ses parents l'envoyèrent à Paris chez une tante qui lui offrit asile.
Une des premières visites du jeune ouvrier fut pour le Jardin des Plantes, et bientôt son assiduité au cours de Brongniart, son zèle pour les excursions botaniques, attirèrent l'attention de quelques personnes. On sut que ses études se faisaient au détriment de son métier et qu'il était obligé de compenser les déficits de sa bourse par une sobriété poussée à l'excès. De bienveillants appuis lui firent d'abord obtenir une place au château de Neuilly, puis dans les bureaux du Mont-de­Piété, où il entra en qualité de commis. Il en sortit avec une modeste retraite, après vingt-sept ans d'excellents services, et il fut alors nommé professeur de botanique rurale des écoles professionnelles de Paris. Depuis longtemps membre de la Société botanique de France, il en était aussi devenu le bibliothécaire. Cette position couronnait digne­ment sa vie laborieuse dont la botanique avait toujours dominé toutes les préoccupations. Il pouvait désormais s'adonner librement à son étude favorite, à son herbier, à ses livres qu'il avait su rassembler peu à peu à force de persévérance et d'économie.
Notre Catalogue raisonné des îles Baléares, auquel il avait si large­ment collaboré, pouvait enfin être mis sous presse, et la mort est venue l'enlever au moment où commençait à s'imprimer cet ouvrage qu'il dési­rait si vivement voir publier ... Puisque cette légitime satisfaction devait lui être ravie, que la première page de notre œuvre commune soit au moins consacrée au souvenir de cette modeste existence qui sut s'élever intellectuellement au-dessus de sa première condition par son amour constant pour les œuvres de la nature et l'attrayante étude des fleurs. »
P. M. [Paul Marès]
 
Le livre se compose de deux parties (table, fin d'article).
III a XLVI, Introduction, Bibliographie, Constitution phy­sique, Météorologie, Végétation, Altitudes..., Abréviations diverses et des noms d'auteurs.
p. 1 à p. 363, Catalogue (p. 1 à p. 324), Addenda et corri­genda (p. 325 à p. 337), Notes pour quelques excursions botaniques dans les Baléares (p. 339 à p. 352),
Liste alphabétique des noms vulgaires... (p. 355),
Table alphabétique des familles et genres (p. 363).
En fin d'ouvrage quelques planches de certaines plantes.
Suivent quelques extraits intéressants, la plus grande majorité des textes nécessitant des études en Botanique d'un haut niveau.
 
Introduction (partielle)
Ce Catalogue aurait dû paraître depuis longtemps (voir Bull. de la Soc. bot. de France, t. XII, p. 221), mais des causes indépendantes de la volonté des auteurs en ayant retardé jusqu'à ce jour la publication, les recherches scien­tifiques qui ont paru depuis sur les Baléares nous ont per­mis de produire un ouvrage bien plus utile et plus complet que nous n'aurions pu le faire précédemment; nous ne pouvions désirer une meilleure satisfaction.
 
Quelques extraits et remarques au fil des pages…
Renonculacées
Clematis cirrhosa. Les Majorcains froissent les feuilles et les mettent derrière les oreilles des petits enfants pour obte­nir un effet vésicant.
On prétend que ces mêmes feuilles, appliquées sur les cors aux pieds, les font rapidement disparaître.
Paeonia corallina. Cette plante est connue  à Majorque sous le nom de Palonia.
La décoction de sa racine est très renommée comme spé­cifique de l'épilepsie (mal de San-Pablo).
Les chèvres sont très friandes de ses fleurs.
Papavéracées
Glaucium luteum. Les Majorcains connaissent cette plante sous le nom de Cascaï burt (Pavot sauvage).
Ils en estiment beaucoup l'usage contre les hémorroïdes, sur lesquelles ils appliquent les feuilles simplement conton­dues entre les mains.
               Crucifères
Eruca sativa. Les habitants de Formentera nomment cette plante Rocas.
Ils assurent que les Grecs (ou plutôt les gens du Levant) la connaissent sous le même nom et qu'ils la mangent abon­damment quand elle est jeune.
Cistinées
Cistus salvifolius. Cette plante est connue à Majorque sous le nom d’Estepa juana.
Elle sert dans les magnaneries pour faire monter les vers à soie.
Cistus monspeliensis. Les feuilles infusées dans du vin rouge sont fréquemment employées en gargarismes contre le mal de dents.
A Iviça et à Soller, nous avons entendu nommer cette plante Estepa negra.
Les habitants s'en servent aussi pour faire monter les vers à soie.
Malvacées
Gossypium herbaceum. Cambessèdes, à l'époque où il visita les Baléares, en 1824, apprit qu'il existait « des plan­tations assez considérables de Coton auprès de sô Servera, non loin de la ville d'Arta ».
Cette culture avait été introduite depuis peu d'années à Majorque.
De 1850 à 1855, nous n'avons jamais entendu parler de Coton à Majorque et à Minorque ; mais en 1852, à lviça, on nous assura qu'il avait fait l'objet d'une culture assez active dans cette île, et que s'il avait été peu à peu abandonné depuis quelques années, c'était par suite de l'abaissement successif des prix.
En Algérie, la culture du Coton, commencée en 1852, n'était arrivée en 1863 qu'à 141 257kg, malgré les encoura­gements et les primes de l'administration : mais vers cette époque, sous l'influence des perturbations produites par la guerre contre l'esclavage dans les Etats-Unis d'Amérique, la production s'éleva tout à coup, en 1864, à 493 309 kg, en 1865 à 615 183 kg, en 1866 à 744 158 kg, pour retomber brusquement en 1867 à 381 603 kg, et décliner peu à peu à 156120 kg en 1874.
Si nous nous sommes laissé aller à donner ces indica­tions, c'est qu'il nous a paru intéressant d'indiquer combien la concurrence des Etats-Unis, celle de l'Asie, et peut-être plus tard celle du centre de l'Afrique, permettront difficile­ment à cette culture de prendre un large développement sur la plus grande partie des bords de la Méditerranée, malgré la facilité avec laquelle y pousse le Cotonnier.
Aurantiacées
Citrus Aurantium. C'est de Soller que partent tous les ans, sur de petites felouques, presque toutes les oranges de Majorque, si estimées dans le midi de la France.
Ce commerce lucratif a amené peu à peu les habitants à planter toutes les belles terres arrosables et profondes qui entourent la jolie baie de Soller pour en faire un magnifique bouquet d'Orangers : les Oliviers, qui s'étendaient autrefois jusqu'au bord de la mer, ont été progressivement relégués vers la montagne.
Les Oranges se vendent par charge de mulet : la charge contient environ 500 fruits ordinaires, et 400 s'ils sont choi­sis. La charge se vendait, en 1850, de 15 à 18 F.
Un beau jardin bien soigné et en bonne production peut donner de 1 200 à 1 500 oranges par arbre.
Méliacées
Melia Azederach. Les petites baies jaunâtres produites par cet arbre sont un poison violent et mortel pour les porcs.
Térébinthacées
Pistacia Lentiscus. Cet arbrisseau, connu des Majorcains sous le nom de Mata, peut être de grandes proportions.
Sur les plages sablonneuses, il forme des buissons inex­tricables de troncs tordus et de branches contournées dans tous les sens.
On s'en sert généralement pour faire du charbon de bois qui est estimé.
Les insulaires fabriquaient autrefois de 1'huile avec le fruit.
Papilionacées
Anagyris foetida. La gousse de cet arbuste est connue à Majorque sous le nom de caroba del demonio (garoube du diable).
Ces graines sont toxiques : leur ressemblance avec les haricots amène quelquefois encore des accidents graves.
Amygdalées
Ceratonia Siliqua. Cet arbre vit concurremment avec 1'Olivier, mais il atteint une altitude moindre.
Son fruit est presque entièrement réservé pour la nourri­ture des chevaux et des mulets.
Paronychiées
Herniaria hirsuta. En majorcain, cette plante se nomme Roump-roc ; elle est employée contre la gravelle.
Cactées
Cactus Opuntia. Cette plante est d'une grande utilité dans les campagnes ; elle est très rustique, sa croissance est rapide ; elle forme d'excellentes haies faciles a entretenir ; ses fruits sont sains et rafraîchissants.
La population pauvre en fait une énorme consommation ; le surplus sert à l'engrais de divers animaux.
Par la distillation, les Figues de Barbarie donnent une eau-de-vie agréable.
Les feuilles du Cactus conservent leur aspect vert et char­nu par les plus fortes chaleurs de 1'été : en Algérie, par des températures très sèches de 35 à 38°C, notre thermomètre, plongé dans 1'intérieur de différentes feuilles, a marqué jus­qu'à 53 et 55°.
Dans ce cas, la plante se flétrit légèrement pour repren­dre toute son ampleur pendant la nuit.
Aussi, durant la saison chaude, alors que la végétation herbacée est complètement desséchée, les feuilles de Cactus, préalablement débarrassées de leurs épines, coupées par tranches et saupoudrées de son, fournissent aux bêtes à cornes une bonne et utile nourriture.
Cambessèdes dit : « Les paysans des Baléares mangent volontiers les fruits de cette plante et n'en éprouvent ordi­nairement aucun mauvais effet.
Des personnes dignes de foi m'ont assuré que cette nour­riture leur devenait mortelle lorsqu'ils avaient 1'imprudence de boire, par dessus, une certaine quantité d'eau-de-vie.
Je n'ai eu aucune occasion de vérifier ce fait pendant mon séjour dans ce pays ».
A notre tour, nous n'avons pas eu 1'occasion de faire cette vérification; mais le goût et 1'agréable fraîcheur de la Figue de Barbarie, son innocuité bien connue sur 1'économie, encoura­gent quelquefois à en faire de véritables excès : dans ce cas, on voit survenir assez fréquemment une obstruction du rectum par 1'accumulation des graines nombreuses et aplaties.
Cette obstruction, en quelque sorte purement mécanique, peut devenir mortelle si on la laisse se prolonger trop long­temps : nous en connaissons des exemples.
L'emploi direct d'une curette est alors le moyen le plus efficace pour dégager 1'intestin d'une manière sûre, promp­te et facile.
Les cendres de Cactus contiennent une remarquable pro­portion d'azotate de potasse.
Ombellifères
Thapsia garganica. En majorcain, Tacita. A Majorque, cette plante est employée en cataplasmes contre les douleurs.
Pastinaca lucida. Cette plante a une odeur vireuse très prononcée.
Les habitants d'Aumalluch me racontèrent qu'un âne de la ferme étant couvert de vermine, fut lavé avec la décoction de cette plante : dès le lendemain, tout le poil de 1'animal était tombé, et les parasites avaient disparu.
Synanthérées
Diotis candidissima. La décoction vineuse de cette plante, gardée dans la bouche pendant quelques instants et plusieurs fois renouvelée, est considérée à Majorque comme un remède efficace contre les maux de dents.
               Solanées
Withania somnifera. Nom vulgaire : Orval (qui vaut de l'or).
Des habitants m'assurent que les feuilles de cette plante, légèrement contondues et appliquées sur des ulcères ou de mauvaises plaies, en amènent rapidement la guérison.
Verbascées
Nicotiana rustica. Nom vulgaire : Tabac pelut.
Les habitants de la campagne fument communément ce tabac, dont l'odeur est particulière et très différente de celle de l'espèce Tabacum.
Labiées
Lavandula dentata. Les habitants d'Iviça emploient en bains la décoction de cette plante mêlée au Romarin contre les douleurs rhumatismales chroniques.
Cette médication est souvent efficace.
Ajuga Iva. A Iviça, on considère comme un très bon fébrifuge le vin blanc dans lequel on fait infuser cette plante.
Acanthacées
Acanthus mollis. Nom vulgaire à Majorque : Carnera.
Les habitants regardent la tisane d'Acanthe comme diurétique.
Les chèvres en recherchent beaucoup les feuilles.
Plantaginées
Plantago Coronopus. A Iviça, cette plante se mange en sala­de ; on la regarde comme très bonne pour guérir les morsures venimeuses, les feuilles étant pilées et appliquées sur la plaie.
Plantago albicans. On regarde à Iviça ce Plantain comme excellent pour les douleurs, les points de côté, soit en breu­vage, soit en onctions en l'incorporant à du saindoux.
Cytinées
Cytinus Hypocistis. Cette plante est nommée Margalida à Soller.
Les habitants en mangent les ovaires, remplis d'une sub­stance gommeuse transparente et sans saveur.
Morées
Ficus Carica. Les Baléares sont un lieu de prédilection pour le Figuier : il y croît spontanément avec la plus grande vigueur et y donne en abondance de nombreuses variétés d'excellents fruits.
La rusticité de cet arbre et la facilité avec laquelle il pousse dans les terrains calcaires l'ont fait utiliser avec sagacité par les Majorquins pour mettre en valeur, dans le centre de leur île, de grands espaces couverts d'un tuf tertiaire peu résistant, mais qui forme des terrains très maigres et impropres à toutes les autres cultures.
Les Figuiers des Baléares sont d'une remarquable vigueur : leur épais feuillage forme un dôme surbaissé disposé, peut-­être plus qu'ailleurs, à s'étendre en surface par suite de la ten­dance qu'ont ces arbres à produire de fortes branches hori­zontales complètement parallèles au sol ; les cultivateurs sont obligés de les soutenir avec des étançons jusqu'à une distance de plusieurs mètres du tronc.
Beaucoup de Figuiers peuvent produire annuellement de 200 à 250 kg de Figues sèches et fournir en même temps à la nourriture de cinq à six porcs.
Les Figues sèches forment une branche importante du commerce des Baléares.
Cupressinées
Juniperus Oxycedrus. On trouve de beaux J. Oxycedrus dans certaines parties boisées du cap Formentor.
Lorsque nous y passâmes, le gardien de l'hacienda du cap fabriquait avec cette espèce de l’huile de cade, bien connue à Majorque sous le nom de aceite de Ginevre.
Ce produit, vulgairement employé contre les gourmes des enfants et dans la médecine vétérinaire, se confectionne avec une grande simplicité, à l'aide de deux vases de terre de même forme et placés bouche à bouche l'un sur l'autre.
Le récipient inférieur est préalablement enfoncé en terre ; le second est rempli de morceaux de bois de Gené­vrier retenus à l'orifice par quelques-uns de ces morceaux entrecroisés, de manière que rien ne puisse tomber dans le vase inférieur lorsque les deux récipients sont placés l'un sur l'autre.
Les choses ainsi préparées et la jointure des orifices étant grossièrement lutée avec de la terre, on allume un bon feu sur le vase supérieur.
Sous l'influence de cette forte chaleur, l'huile contenue dans les morceaux de Genévrier se distille et tombe dans le vase inférieur.
            Agavées
Agave americana. Cette plante est appelée Pita, du nom que l'on donne à la belle filasse blanche extraite de ses feuilles, et dont les Espagnols se servent pour une foule d'usages : espadrilles, cordages, frondes, mèches de fouet, ...
            Palmées
Phœnix dactylifera. Les Dattiers poussent vigoureuse­ment dans les Baléares et y deviennent de beaux arbres ; leurs fruits se forment et se développent bien ; mais de même que sur les bords de tout le bassin NO, « ils ne mûris­sent pas complètement leurs fruits ».
             Graminées
Ampelodesmos tenax. Nom vulgaire: Careitx.
Les Majorcains fauchent cette plante quand elle est jeune et la donnent comme fourrage à leurs animaux ; elle est très répandue dans les lieux incultes et montueux.
L’A. tennax est le Diss des Arabes.
Le Diss rend de grands services en Algérie non seulement comme nourriture pour les bestiaux, mais encore pour cou­vrir les constructions légères et rapidement établies.
             Fougères
Aspidium pallidum, cette Fougère laisse aux mains, quand on la cueille, une matière qui sent fortement la poudre de racine d'Iris.

 Le petit Viginet, n° 23, février 2008

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