Il est né au village de Chastres, Saint-Pierre-Colamine (Puy-de-Dôme), le 29 juin 1879, à 2 heures du matin [fils de Guillaume VIGINEIX, cultivateur, âgé de 27 ans, et de Marie (Henriette) BERTHELAGE, âgée de 29 ans]. Les témoins de cette naissance sont : Jean CHAMERLIN, 32 ans et Antoine JURY, 37 ans, tous deux cultivateurs à Chastres.
Celui-ci, avec ses parents (accompagnés de ses grands-parents), prendra le chemin de l'exil, comme nombre d'Auvergnats en cette fin du XIXe siècle, vers la capitale, mais la halte sera l'Eure-et-Loir (Auneau plus précisément, 25 kilomètres au nord-est de Chartres). En ce lieu d'autres frères et soeur naîtront, dont il sera l'aîné : Henri Albert, Raymond Lucien et Léontine.
Ces parents Guillaume et Marie (Henriette) décèdent à peine un an avant lui, respectivement le 15 août et le 25 septembre 1916.
Comme employé de commerce, plutôt brocanteur, marchand de peaux et chiffons (ainsi que boucher sur sa fiche militaire), il rencontre sa future épouse, dans la campagne beauceronne à Hadonville, petit hameau de Denonville, Juline Eugénie MULOT et se marie le 2 octobre 1909. Deux enfants naîtront : Juliette et Gaston Gilbert, que malheureusement la guerre rendra orphelins.
Son dossier matricule apporte les renseignements suivants :
- cheveux et sourcils chatains,
- yeux bleus et front dégagé,
- nez ordinaire et bouche moyenne,
- menton rond et visage plein,
- taille 1,60 mètre.
Au service militaire le 16 novembre 1900 pour le 117e régiment d'Infanterie, arrivé au corps soldat de 2e classe le dit jour, n° matricule 2369, passé dans la disponibilité de l'armée active le 8 avril 1902, étant devenu dispensé, article 21, frère au service. Certificat de bonne conduite accordé. Pour réserve active le 1er novembre 1903.
Mobilisé et arrivé au corps (30e régiment d'Infanterie) en août 1914, passé à la 4e section de commis et ouvriers le 25 mars 1915, puis au 104e régiment d'Infanterie le 20 décembre 1915, puis au 324e régiment d'Infanterie le 11 mars 1916, évacué malade le 16 décembre 1916 (pieds gelés). Rentré à son unité le 30 mars 1917, blessé le 24 mai 1917, au Mont-Haut, Moronvilliers, près de Mourmelon-le-Petit (Marne) (fracture du crâne [fracture de l'humérus] et plaie au pied droit par éclat d'obus). Une trépanation a été nécessaire, hélas, sans espoir de survie. [Dans ce trou d'obus, où deux soldats prenaient place, son collègue fut tué par le projectile.] Il décèdera à Mourmelon-le-Petit, le 27 mai 1917, à 5 h 45, des suites de la fracture du crâne.
La transcription de l'acte de décès dans la ville de son domicile (Auneau, Eure-et-Loir) donne comme témoins : Augustin Nicolas LORDART, officier d'administration de 1re classe, gestionnaire de l'ambulance 2/72, officier de l'état civil, sur la déclaration de Jean BOUCHON, médecin aide-major de 1re classe, de l'ambulance 2/72.
Suite à la citation « Soldat remarquable par son courage et son dévouement. Blessé grièvement à son poste de combat. Mort des suites de ses blessures, le 27 mai 1917 » du 6 novembre 1920, il recevra la médaille militaire ainsi que deux autres décorations.
Sa sépulture, dans le cimetière Saint-Rémy d'Auneau, fait presque face au monument aux morts de la commune où son nom est gravé.
Juline Eugénie MULOT devait lui survivre jusqu'en 1970, restée seule, elle élèvera ses deux enfants, Juliette, âgée de 7 ans et Gaston Gilbert, âgé de 3 ans, après le décès de leur père. [Les ajouts entre crochets sont de la rédaction.] Ce petit texte tente de rendre un hommage à mon grand-père ainsi qu'à ma grand-mère (Jean-Pierre Vigineix) Le petit Viginet, n°2, décembre 2003 Compléments au bulletin Le petit Viginet, n° 2, décembre 2003
... puis au 324e régiment d'Infanterie le 11 mars 1916, évacué malade le 16 décembre 1916 (pieds gelés). Rentré à son unité le 30 mars 1917, blessé le 24 mai 1917, au Mont-Haut...
Voici ce que l'on trouve dans l'Historique du 324e régiment d'Infanterie (Service historique de l'Armée de terre) pour ce régiment et cette période :
« Le 13 août, elle prit (la 72e division d'Infanterie) un secteur et le 324e monta en ligne dans la sous-zône de Bus devant Beuvraignes (Oise).
Il quitta ces positions le 29 novembre pour occuper le 13 décembre le sous-secteur du Pressoire (Somme).
La région du Pressoire, qui venait d'être reprise à l'ennemi, avait été littéralement retournée par notre artillerie lourde. Boyaux et tranchées n'existaient pour ainsi dire plus, la pluie les avait transformés en cloaques de boue et la circulation ne se faisait qu'aux prix d'efforts inouïs. Les travaux d'aménagement furent activement poussés, et, grâce à un travail continu, le secteur était habitable lorsque le régiment le quitta le 11 janvier 1917. »
Région du Pressoire ... pieds gelés.
« Le 324e revoyait la région de Verdun. Le 21 janvier, il prenait position dans les quartiers de Moulainville et Chena. Porté le 31 janvier à l'effectif de 16 compagnies par l'adjonction d'un bataillon provenant de la dissolution du 362e, il étendit son front le 1er mars et occupa en plus le quartier de Châtillon. A la date du 21 mars, le 324e devint garnison de la sous-zône des Blusses, puis, relevé dans la nuit du 3 au 4 mai, il gagna la région de Condé-sur-Aire, assignée comme zône de concentation à la 72e division.
Là, cette division fut constituée sur le type de 9 bataillons et comprit les 164e, 324e et 365e régiments. L'état-major de la 143e brigade (colonel Bataille) devint l'état-major de l'Infanterie divisionnaire et celui de la 144e brigade, à la tête duquel lc colonel Ancel avait remplacé le 18 décembre 1916 le colonel Cledat de La Vigerie, fut dissous.
La 72e division mise à la disposition de la 4e armée (général Anthoine) est passée au 17e corps (général Dumas) arriva dans la région de Mourmelon le 8 mai et dès lors fut placée en réserve d'armée.
Le 12, elle montait en ligne avec une mission offensive : il s'agissait d'enlever à l'ennemi toute vue, même précaire, sur le revers méridional du massif de Moronvilliers et nous assurer la libre disposition des observatoires du même massif.
L'attaque eut lieu le 20 mai, le 324e tenait le col de la Fosse Froide. Entre le 164e à gauche qui s'empara sur le Mont-Haut de la Cage à Poules, et le 117e à droite (division voisine) dont l'objectif était le Bois du Casque, il veilla à l'intégrité du front et assura, par des détachements qui accompagnaient les troupes d'assaut, les liaisons latérales. Le soir, 121 prisonniers, parmi lesquels 2 officiers d'infanterie, 1 d'artillerie et 1 médecin furent dénombrés au poste de commandement du lieutenant-colonel Bureau. La division avait fait un total d'environ 700 prisonniers dont 15 officiers. Elle avait atteint ses objectifs. » ...
Dans un ordre du jour, le général Ferrandini pouvait écrire à ses troupes :
« Pendant l'attaque du 20 mai, pendant les dures journées qui ont suivi, les 164e, 324e ct 365e on montré un élan, un courage, une ténacité qui ont fait l'admiration de tous. »
Jean VIGINEIX blessé ce 24 mai 1917, fracture du crâne et plaie au pied droit... décède le 27 mai 1917. Le petit Viginet, n°12, novembre 2005