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11 octobre 2009 7 11 /10 /octobre /2009 07:57

5 octobre 1902

INAUGURATION DE L'ECOLE MAIRIE
DE CHARTAINVILLIERS

 

     Après Gas et Mainvilliers, en même temps qu'à Voves, on inaugurait dimanche à Chartainvilliers une nouvelle école et ce fut pour nous un plaisir nouveau de nous retrouver au milieu des vaillantes populations de nos campagnes dont nous avons été si souvent à même d'apprécier dans nos pérégrinations multiples, les qualités précieuses qui distinguent et caractéri­sent la race beauceronne.

     Entre toutes ces qualités, nous devons rendre un hommage particulier - et nous sommes heureux de l'occasion qui nous est offerte pour le faire - au courage digne d'éloge des habi­tants de Chartainvilliers qui non contents, à deux ans à peine d'intervalle, d'avoir su réparer le désastre de l'effroyable incendie que nous savons, n'ont pas hésité à s'imposer de lourds sacrifices pour la création de l'école dont nous fêtions dimanche l'inauguration.

 

L'ECOLE

     A l'ancienne salle de classe, au plafond bas, aux murs décré­pis, s'est substituée une construction simple d'allure, avec par­tie centrale - l'appartement du dévoué instituteur M. ROUS­SEAU - flanquée de la salle de la mairie et de la salle d'école, spacieuse, pleine de lumière et d'air où ne manquera pas de s'épanouir l'intelligence des écoliers qui la fréquenteront ; deux dépendances complètent ce groupe élevé sur les plans de M. VAILLANT, architecte à Chartres.

 

LA CEREMONIE

     Toute pavoisée de guirlandes et drapeaux, c'est telle qu'elle nous est apparue dimanche, la commune elle-même s'est trans­formée ; plantations, mâts, oriflammes. Il n'en fallut pas plus pour lui donner un air de fête, air simple peut être, mais de si bon aloi !

     A deux heures, MM. THIBONNEAU, secrétaire général et LHOPITEAU, député, arrivent ; les pompiers, les enfants de l'école, l'Harmonie de Maintenon, la majeure partie de la popu­lation se portent à leur rencontre.

     Le cortège se forme et MM. THIBONNEAU et LHOPITEAU, entourés de M. BRADIN, maire ; DAUVILLIERS, adjoint ; COUTURIER, inspecteur général de l'enseignement primaire, du Conseil municipal et des invités parcourent les rues et pénè­trent, aux accents de La Marseillaise, dans la salle de la mairie où est servi un vin d'honneur.

 

LE VIN D'HONNEUR

     Autour de MM. THIBONNEAU, LHOPITEAU, COUTU­RIER, BRADIN et DAUVILLIERS, se pressent les invités que nous retrouverons le soir au banquet.

     Monsieur le Maire adresse à tous un cordial salut de bienve­nue et se fait l'interprète du conseil municipal tout entier en leur exprimant sa vive gratitude. MM. THIBONNEAU, LHO­PITEAU, COUTURIER remercient M. le Maire de ses aimables paroles. Une gentille fillette récite un compliment au nom de ses compagnes et remet un bouquet à M. THIBONNEAU et un à M. LHOPITEAU qui l’embrassent.

     Les bouchons sautent, s'entre-choquent les verres à la pros­périté de la commune pendant qu'au dehors la foule se masse et que du ciel tombe un pâle rayon de soleil d'automne, le seul peut-être qui ait brillé de la journée.

     Chut, M. THIBONNEAU reprend la parole et annonce aux enfants qu'un jour de congé supplémentaire leur est accordé à l'occasion de la fête. C'est là un excellent lendemain.

 

LA PARTIE CONCERT

     Au programme des fêtes de Gas et de Mainvilliers s'est ajou­tée une partie concert qui n'a pas été la moins goûtée du public très nombreux qui se pressait sous la tente du bal Faget où il a eu lieu.

     En eut-il été autrement avec les excellents amateurs qui s'étaient chargés de l'exécution, à commencer - dû sa modes­tie en souffrir - par l'accompagnatrice Mlle COUTURIER, de Gallardon, à laquelle un rare talent a réservé une place parmi les  étoiles de notre firmament artistique, et pour laquelle nous distillerons les meilleurs éloges, MM. Jean et [Henri] VIGI­NEIX ont tenu avec un entrain endiablé le côté comique et le public, par ses rappels, a témoigné du vif plaisir qu'il éprouvait à les entendre, c’est tout dire... M. LESIEUR dans sa chanson marche, genre tyrolienne, n'a pas été moins applaudi, non moins les jeunes violonistes FOUCHE et CHANTEGRAIN à qui vont de droit toutes nos félicitations.

     L'Harmonie de Maintenon, sous l'habile direction de M. CAMUS, ne s'est pas non plus ménagée au concert, coupant d'heureuse façon les différents numéros du programme. « Amour et cuisine », comédie en un acte, qui terminait le spectacle, a soulevé, malgré l'aphonie d'un artiste plein de bonne volonté, des rires unanimes.

     Bref, tout s'est passé le mieux du monde et à la satisfaction générale sans le moindre accroc, abstraction faite de celui que s'est fait, en jouant son rôle, M. [Henri] VIGINEIX, le conscrit n°11.

     Une quête a été faite, à l'issue du concert, au profit de la Caisse de Secours de la commune et a produit la somme de seize francs.

 

AU BANQUET

     Immédiatement après le concert, portait le programme, grand banquet annoncé auquel ont pris part plus de soixante convives parmi lesquels MM. THIBONNEAU, LHOPITEAU, COUTURIER, BRADIN, maire ; DAUVILLIER, adjoint ; LEFEVRE, REDREAU, BLONDEAU, BENOIST, CHEMIER, REGNIER, LANGLOIS, conseillers municipaux ; MILLO­CHAU, délégué cantonal ; docteur GAULE, BENOIST, ALLAIN, PIOCHE, CHANTEGRAIN, GOUABAULT, CAMUS, HAYES, ROUSSEAU, instituteur ; FEUILLU, MAUGER, sous­-lieutenant de pompiers ; QUETARD, Henri et Jean VIGINEIX, CHAUVRON, LHOMME, BEAUGER, LITER, A. et R. DAU­VILLIERS, CHARTIER, HUET, DHONNEUR, J. et A. LAN­GEOIRE, LOISON, GUILLAUME, PIAT, E. et C. BENOIST, J. et E. REGNIER, GALLAIS, LECUYER, BAUCHET, CHAU­VEAU, DAIGNEAU.

     D'aimables voisins de table, des plats excellents, que pou­vions nous demander de plus ! Davantage d'adresse au garçon de salle, peut-être ! Ce sont là des petits incidents qui ont trou­vé grâce devant le menu que voici : Consommé printanier, Noix de boeuf, Truite, Civet de lièvre, Haricots flageolets, Gigot de pré salé, Salade, Biscuits de Savoie, Fruits, Gâteaux secs, Desserts, Café, Liqueurs, Vin rouge, Madère, Bordeaux, Champagne.

     Le tout servi par le Vatel très connu de Maintenon, M. GAN­DON.

 

LES TOASTS

     Pour les journalistes, la partie dessert est généralement inconnue. Et allez donc manger et boire d'une main, et prendre des notes de l'autre, car avec le dessert est venue l'heure des toasts, nous ne changerons pas les habitudes, M. BRADIN, maire, le premier, se lève. Il charge M. THIBONNEAU d'expri­mer à M. le Préfet, au nom du Conseil Municipal et au sien, ses meilleurs sentiments, les remercie ainsi que MM. LHOPITEAU, COUTURIER et VAILLANT, qui n'a pu faire qu'une courte apparition à la fête, et tous ses hôtes d'aujourd'hui ; il exprime sa gratitude au Conseil, qui n'a cessé de lui prêter son appui, à l'instituteur dont le dévouement est sans égal.

     M. BRADIN termine en buvant à la prospérité de tous, à celle aussi de la nouvelle école et lève son verre à M. LOUBET.

     M. THIBONNEAU est très touché des paroles de M. le Maire il explique que M. BRELET, empêché par une indisposition dont il sera vite remis, n'a pu se rendre à l'invitation qui lui a été faite. Pour sa part il est heureux d'avoir été choisi pour le représenter au milieu de populations auprès desquelles il était sûr de trouver le plus cordial accueil.

     Ces populations, il les félicite des efforts qu'elles font pour se maintenir au niveau de la société actuelle ; elles font œuvre patriotique en donnant à leur école tout le confort que néces­site une instruction et une éducation nouvelle. Leurs sacrifices porteront leurs fruits.

     M. THIBONNEAU lève son verre en terminant en l'honneur de M. LOUBET.

     M. COUTURIER est ici à un double titre, c’est un compa­triote et un universitaire. Comme compatriote, il évoque quelques souvenirs personnels, comme universitaire, il expose que le premier devoir des maîtres est d'expliquer aux élèves les principes de liberté, d'égalité, de fraternité contenus dans la Déclaration des Droits de l'Homme, il montre que nul ne sau­rait revendiquer sa liberté propre s'il ne respecte celle d'autrui, que de l'égalité en présence des droits découle la fraternité. Il adresse son salut aux maîtres, ses collaborateurs, et boit à la prospérité de la nouvelle école et à l'influence heureuse qu'elle pourra exercer sur l'avenir du pays.

     M. LHOPITEAU, après avoir remercié ses hôtes, évoque le souvenir de ceux aux dépens desquels s'est élevée cette construction, les contribuables. C'est pour lui un spectacle réconfortant de voir que, dans le canton de Maintenon, l'ins­truction est assurée dans les meilleures conditions de salubrité. Il espère que, comme par le passé, les conseillers municipaux apporteront dans leurs discussions la même bonne foi, la même sincérité, qualités qu'il voudrait, lui « dont la vie politique, espère-t-il, touche à sa fin », voir s'étendre chez les politiciens.

     Il emporte l'assurance que dans le canton la génération actuelle est en de bonnes mains, félicite le corps enseignant tout entier, M. ROUSSEAU, l'instituteur en particulier, qui sait faire, non seulement des élèves, mais encore des tireurs, par lesquels la France sera défendue et dominera les autres nations.

     M. LHOPITEAU termine en portant la santé du corps ensei­gnant tout entier et s'adresse aux générations qui suivront et qui seront les plus fermes soutiens de la République.

     La nuit est déjà noire lorsque se termine le banquet ; l'école est brillamment illuminée. Autour d'elle s'est groupée une par­tie de la population et de la jeunesse que tout à l'heure nous retrouverons au bal. Lorsque nous quittons Chartainvilliers, l'animation est à son comble sous la tente Faget. Loin de nos hôtes, le murmure de la brise dans les feuilles semble comme un écho des flonflons de l'orchestre et nous fait revivre les ins­tants agréables que nous avons passé, ce dimanche, et dont nous saurons conserver le meilleur souvenir.

 

M. MINE

Article relevé dans le Journal de Chartres du mardi 7 octobre 1902.

 

Article extrait du site de la commune de Chartainvilliers (http::/www.mairie-chartainvilliers.fr), remerciements très sincères de la rédaction pour cet accord de parution.

 
Le petit Viginet, n°28, février 2009 

 

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