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16 mai 2009 6 16 /05 /mai /2009 00:00

Enfant de
Jean VIGINEIX-ROCHE et d’Adèle GRANDIN

 

Naissance d'Auguste Vigineix, acte n°1563 (1869)

Le dix-huit juin mil huit cent soixante-neuf à neuf heures du matin. Acte de naissance d'Auguste Vigineix, du sexe masculin, né avant hier à deux heures du soir, à Paris, au domicile de ses père et mère rue Sébastopol, n°12, fils de Roche Jean Vigineix [Vigineix-Roche], âgé de quarante-huit ans, menuisier et d'Adèle Hortense Grandin, âgée de quarante et un ans, couturière, non mariés. Sur la présentation de l'enfant et la déclaration faite à nous, Jean Baptiste Piet, adjoint au maire du dix-neuvième arrondissement de Paris, officier de l'état civil, par ledit Vigineix qui se reconnaît le père de l'enfant sus-nommé. En présence de Jean Baptiste Michel, âgé de quarante-neuf ans demeurant à Paris, rue de Flandre n°9 et d'Adolphe Augustin Girardot, âgé de trente-deux ans, menuisier, demeurant même lieu que le premier témoin, qui ont signé avec le père et nous, après lecture faite du présent acte.

 

Décès d'Auguste Vigineix, acte n°1720 (1871)

Du vingt-sept février mil huit cent soixante et onze, trois heures trois quarts du soir. Acte de décès d'Auguste Vigineix, âgé de vingt mois, fils de Roche [Vigineix-Roche] Jean, âgé de quarante-neuf ans, menuisier et d'Adèle Hortense Grandin, son épouse, âgée de qua­rante-deux ans, couturière ; le défunt né à Paris et y décédé chez ses père et mère, rue Sébastopol 12, ce matin à cinq heures. Constaté par nous, officier de l'état civil du dix-neuvième arrondissement de Paris, sur la déclaration du père du décédé et de Hippolyte Simonnet, âgé de cinquante-quatre ans, menuisier, boulevard de la Villette 75 à Paris qui ont signé avec nous après lecture.
 

Le petit Viginet, n° spécial Quelques familles Viginet, Vigineix à Paris aux XIXe-XXe siècles (II)

 

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30 avril 2009 4 30 /04 /avril /2009 00:00
Le couple
Guillaume VIGINEIX–Marie BARILLEY 
 

Mariage entre Guillaume Vigineix et Marie Barilley, acte n°552 (1861)

Du vingt-sept juillet mil huit cent soixante et un, midi un quart.

Acte de mariage de Guillaume Vigineix, employé au Mont de Piété, âgé de cinquante ans, demeurant à Paris, rue de La Harpe, 49, cinquième arrondissement, né à Aydat (Puy-de-Dôme) le sept décembre mil huit cent dix, fils majeur de Nectère Vigineix, et de Marie Courtial, son épouse, tous deux décédés. Le contractant nous a déclaré à serment que ses aïeuls et aïeules sont aussi décédés, mais que par ignorance du lieu de leur décès et de leur dernier domicile, il ne peut en justifier par actes authentiques, ce qui est également certifié à serment par les quatre témoins du présent mariage. Et de Marie Barilley, cuisinière, âgée de quarante-quatre ans, née à Belmont (Jura) le vingt-cinq février mil huit cent dix-sept, demeurant à Paris, rue Saint-Honoré, 240, premier arrondissement, fille majeure de Jean Baptiste Barilley, et de Marie Labouron, son épouse, cultivateur, demeurant à Belmont, consentant par acte passé devant Me Berthor, notaire à Montbarry (Jura) et présence de témoins le huit mai dernier, enregistré et légalisé. Les contractants nous ont déclaré qu'il n'a pas été fait de contrat de mariage. Les actes préliminaires sont : 1° les publications faites sans opposition en cet arrondissement et au cin­quième les dimanches deux et neuf juin dernier ; 2° les actes de nais­sances des époux ; ceux de décès des père et mère de l'époux ; 3° le consentement précité, le tout en forme. Desquels actes paraphés et annexés et du chapitre six du titre du Code Napoléon du mariage lec­ture a été faite par nous. Les contractants ont déclaré à haute voix prendre en mariage l'un Marie Barilley, l'autre Guillaume Vigineix ; après quoi nous, François Antoine Housset, chevalier de la Légion d'honneur, adjoint au maire du premier arrondissement de Paris, offi­cier de l'état civil, avons prononcé au nom de la loi que les contrac­tants sont unis par le mariage. Tout ce que dessus fait publiquement en 1'hôtel de la mairie en présence de Denis Fouquet, cordonnier, âgé de soixante-deux ans, à Paris, rue de Charenton, 95, oncle de l'époux; Nicolas Auguste Pomel, ingénieur civil, âgé de quarante et un ans, à Paris, rue Geoffroy-Lanier, 28 ; Jean Pierre Barilley, scieur à la méca­nique, âgé de trente-deux ans, boulevard de la Contrescarpe, 36, cou­sin germain paternel de l'épouse, et Sébastien Barrilley, moulurier, âgé de vingt-sept ans, à Paris, rue Beauveau, 21, cousin germain paternel de l'épouse, témoin requis. Et après lecture, nous avons signé avec les époux et les témoins.

NDLR : Guillaume Vigineix a donné son nom à une variété de vio­lettes (voir Le petit Viginet n°8, février 2005).

 

Naissance de Nectaire Aristide Marie Alphonse Vigineix, acte n°1726 (1861)

Du vingt septembre de l'an mil huit cent soixante et un, à trois heures un quart de relevée.

Acte de naissance de Nectaire Aristide Marie Alphonse, du sexe masculin, né hier, à Paris, à quatre heures du soir, rue de Rambuteau n°100, fils de Guillaume Vigineix, employé, âgé de cinquante ans, et de Marie Barilley, son épouse, cuisinière, âgée de quarante-quatre ans, demeurant ensemble à Paris, rue de La Harpe 49. Sur la déclaration faite par le père de l'enfant qui nous l'a pré­senté. Premier témoin : Étienne Vazieux, âgé de quarante-cinq ans, journalier, demeurant à Paris, rue Saint-Germain-l'Auxerrois 60 ; second témoin : Noël Vidal, âgé de quarante-six ans, journalier, demeurant à Paris, rue de l'Arbre-Sec 62 ; lesquels, après lecture, ont signé avec nous et le déclarant. Constaté suivant la loi par nous : Auguste Tessereau, chevalier de la Légion d'honneur, adjoint au maire du premier arrondissement de Paris et officier de l'état civil soussigné.

NDLR : Nectaire Aristide Marie Alphonse Vigineix a épousé Marie Gaschon (d'après le site Ancestry.fr)

 

Décès de Guillaume Vigineix, acte n°1533 (1877)

Du dix juin mil huit cent soixante-dix-sept, à dix heures, acte de décès de Guillaume Vigineix, décédé hier soir à quatre heures et demie, à Paris, en son domicile rue de la Harpe, 49, âgé de soixante-­six ans, employé, né à Aydat (Puy-de-Dôme) marié à Marie Barallier, âgée de soixante-trois ans, cuisinière. Le décès dûment constaté, sur la déclaration de Pierre Gens, âgé de soixante-trois ans, tailleur d'ha­bits, demeurant à Muids (Eure) et d'Alfred Boucher, âgé de trente-­deux ans, employé, rue Monge 83, qui ont signé avec nous, maire du cinquième arrondissement, après lecture.

 

Le petit Viginet, n° spécial Quelques familles Viginet, Vigineix à Paris aux XIXe-XXe siècles (II)
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11 avril 2009 6 11 /04 /avril /2009 00:13
Descendants du couple
Blaise VIGINEIX – Anne MARTIN(-GAURY)  
 

Naissance de Marguerite Sophie Viginet, acte reconstitué (1825)

L'an mil huit cent vingt-cinq, le quinze novembre, est née à Paris, Marguerite Sophie, du sexe féminin, fille de Blaise Viginet, terrassier et d'Anne Martin, son épouse, demeurant faubourg Saint-Denis 202.

 

Mariage entre Pierre Viginet et Marie Ernestine Chamerlin, acte reconstitué (1844)

Du treize juillet mil huit cent quarante-quatre, à midi, dans la mai­son commune du neuvième arrondissement de Paris.

Acte de mariage de M. Pierre Viginet, imprimeur sur toile cirée, âgé de trente et un ans, demeurant à Paris, rue du Bourg-Saint-Paul n°7, né à Plauzat (Puy-de-­Dôme), le dix-huit février mil huit cent treize, fils majeur de Blaise Viginet, et d'Anne Martin, son épouse, cultivateur, demeurant audit lieu et ayant par acte passé devant Me Rollier, notaire audit Plauzat le trois février mil huit cent trente-six, constitué par son mandataire spé­cial M. Nicolas Blaise, journalier, demeurant à Paris (illisible) n°2, lequel présent a déclaré consentir à ce mariage. Et de Dlle Marie Ernestine Chamerlin, repasseuse, âgé de dix-huit ans, demeurant chez sa mère, rue des Basses (illisible) n°7, née au deuxième arrondis­sement le neuf mai mil neuf cent vingt-six, fille mineure d'Antoine Chamerlin, commissionnaire, décédé au neuvième arrondissement le dix avril mil huit cent trente-deux et de Marie Dremer, sa mère, blan­chisseuse, présente et consentante au mariage. Les actes produits para­phés et annexés sont extraits du registre des publications du mariage faites et affichées sans opposition à cette mairie, les trente juin et sept juillet de cette année. Les actes constatant les naissances, décès et pro­curation sus-énoncés, des quelles pièces ainsi que du chapitre VI du livre premier du Code civil désignant les droits et les devoirs respec­tifs des époux, il a été présenté et fait lecture aux témoins par moi offi­cier de l'état civil. Les époux présents ont déclaré à haute et intelligible voix prendre en mariage, l'un, Marie Ernestine Chamerlin, l'autre, Pierre Viginet, en présence de Mme Claude François Baillard, impri­meur sur toile cirée, âgée de trente-quatre ans, demeurant à Vaugirard (Seine), Grande-Rue n°179, amie ; de Nicolas Fontaine, ouvrier en toile cirée, âgé de vingt-sept ans, demeurant même rue n°198 ; de Jean Nicole, tailleur, âgé de quarante-cinq ans, demeurant rue du Faubourg­-Saint-Jacques, n°19, cousin de l'époux ; et de François Chamerlin, porteur d'eau, âgé de cinquante-huit ans, demeurant rue de Bussy n°95, oncle de l'époux ; après quoi moi maire du neuvième arrondis­sement de Paris, ai publiquement prononcé qu'au nom de la loi les époux sont unis en mariage, et après lecture faite au présent acte aux parties et témoins, ils ont avec moi, à l'exception du mandataire et du troisième témoin qui ont déclaré ne le savoir. Signé : Viginet, Cha­merlin, Dremer, Baillard, Chamerlin, Fontaine et Locquet maire.

 

Mariage entre Pierre Viginet et Joséphine Claudine Butin, acte reconstitué (1847)

L'an mil huit cent quarante-sept, le vingt-six juin, à la commune de Montmartre, Paris Xe.

Acte de mariage de Pierre Viginet, imprimeur en toiles cirées, demeurant à Paris, né à Plauzat (Puy-de-Dôme) le dix-huit février mil huit cent treize, fils de Blaise Viginet et d'Anne Martin, son épouse.

Et de Joséphine Claudine Butin, née à Paris le dix-neuf janvier mil huit cent vingt et un, fille de Joseph Auguste Butin et de Marie Élisabeth Brunet, son épouse.

 

Naissance de Joséphine Maria Viginet, acte reconstitué (1848)

L'an mil huit cent quarante-huit, le quinze juin, est née à Mont­martre (Seine), Joséphine Maria, du sexe féminin, fille de Pierre Viginet, imprimeur sur toile, et de Joséphine Claudine Butin, demeu­rant chemin des Rois 3 bis.

 

Décès de (Maria) Joséphine Pierre Viginet, acte reconstitué (1850)

L'an mil huit cent cinquante le six avril est décédée à Montmartre (Seine) rue des Promenades 3, Maria Joséphine Viginet, âgée de vingt-deux mois, née à Montmartre, fille de (Pierre) Viginet et de (Joséphine) Butin.

 

Naissance d'Eugène Louis Viginet, acte reconstitué (1851)

L'an mil huit cent cinquante et un, le deux juillet, est né à Montmartre (Seine), Eugène Louis, du sexe masculin, fils de Pierre Viginet, imprimeur sur toile cirée, et de Joséphine Claudine Butin, son épouse, demeurant à Paris, rue des Cloys n°3 bis.

 

Naissance de Pierre Viginet (1854)

L'acte de naissance de Pierre Viginet daté du 19 février 1854 n'a pas fait l'objet d'une reconstitution.

NDLR : Pierre Vigineix a été déporté lors de la Commune et il est décédé le 28 octobre 1871 (voir Le petit Viginet n°8, février 2005 et fascicule spécial, à paraître).

 

Décès de Pierre Viginet, acte n°2675 (1869)

Du trois octobre mil huit cent soixante-neuf à dix heures du matin.

Acte de décès de Pierre Viginet décédé hier à midi à Paris rue de Lacépède n°1, âgé de cinquante-six ans, imprimeur, demeurant à Paris rue des Cloys n°11, dix-huitième arrondissement, né à Clermont [Clermont-Ferrand] (Puy-de-Dôme) (sur l'acte de mariage reconstitué il est dit né à Plauzat ce qui est la réalité !) marié à Joséphine Claudine Butin. Ledit décès dûment constaté fait de déclaration de François Groult, âgé de cinquante-neuf ans et de Jean Baptiste Durand, âgé de trente-huit ans, employés, demeurant à Paris, rue de Lacépède n°1 qui ont signé avec Jean Louis Michau, adjoint au maire du cinquième arrondissement après lecture.

 

Décès de Joséphine Claudine Butin, acte n°l098 (1876)

Du vingt-huit avril mil huit cent soixante-seize, une heure trois quarts du soir. Acte de décès, constaté suivant la loi, de : Joséphine Claudine Butin, sans profession, âgée de cinquante-cinq ans, née à Paris, décédée ce matin à neuf heures, en son domicile, rue des Cloys 25, veuve de Pierre Viginet, fille d'Auguste Butin, et de Marguerite Élisabeth Brunet, son épouse, tous deux décédés, sur la déclaration faite à nous, officier de l’état civil, par : Eugène louis Viginet, vernisseur, âgé de vingt-cinq ans, rue des Cloys 25, fils de la défunte et de Honoré Gabriel Guillermier, serrurier, âgé de vingt-huit ans boulevard de la Chapelle 24, neveu, qui ont signé avec nous, après lecture.

 

Le petit Viginet, n° spécial Quelques familles Viginet, Vigineix à Paris aux XIXe-XXe siècles (II)
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5 avril 2009 7 05 /04 /avril /2009 00:41
Onomastique
 

DARTIGE

   

Contraction de d'artige provenant de artijà = novale, c'est-à-dire une terre nouvellement défrichée, ou dîme (impôt) correspondant à cette nouvelle terre.

Surnom de celui qui possédait un tel terrain ou qui payait un tel impôt.

 

Gérald Vigineix

Le petit Viginet
, n°26, septembre 2008

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15 mars 2009 7 15 /03 /mars /2009 00:00
Livre du marquis de Flers paru en 1891, E. Dentu éditeur, Librairie de la Société des gens de lettres.
Ceci est le dernier chapitre.

LE ROI LOUIS-PHILIPPE
VIE ANECDOTIQUE
1773-1850

par le Marquis de Flers
 

 

 

CHAPITRE XII

Le dernier exil. - Les premiers mois en Angleterre. - Mala­die de la Reine. - Arrivée de la Duchesse d'Orléans avec ses enfants (1849). - Le Roi à Saint-Léonard. - Visite à Sir Robert Peel. - Le Hoi Louis-Philippe et la fusion. - ­Note de M. Guizot sur la fusion. - Réponse de M. le Comte de Chambord. - Note de M. de Montalivet sur la fusion. - ­Première communion, à Londres, de Mgr le Comte de Paris (juillet 1850). - Les derniers moments du Roi Louis-Phi­lippe. - Sa mort chrétienne (26 août 1850). - Ses obsèques. - Son testament. - Conclusion.

 

Les premiers jours passés au château de Cla­remont, par le Roi Louis-Philippe, la Reine, le Duc et la Duchesse de Nemours, le Duc et la Duchesse de Montpensier, la Princesse Clémen­tine, furent très tristes. La détresse de la Reine était extrême. Elle se trouvait sans linge, et n'ayant qu'une seule robe, celle avec laquelle elle avait quitté les Tuileries (1). Les augustes exilés, rassurés sur le sort de la Duchesse d'Orléans et de ses enfants réfugiés en Allemagne, n'avaient aucunes nouvelles d'Afrique, où se trouvaient le Prince de Joinville et le Duc d'Aumale. Quelques journaux laissaient entendre que ces princes étaient partis pour l'Amérique. Tout à coup, dans la nuit du 20 au 21 mars, au moment de se coucher, le Roi et la Reine furent prévenus qu'on entendait une voiture dans le parc : « Ce sont mes enfants », s'écrie la Reine en proie à la plus vive émotion. C'étaient le Prince et la Prin­cesse de Joinville, le Duc et la Duchesse d'Au­male, que quelques minutes plus tard, Louis-Phi­lippe et la Reine avaient la joie de presser sur leur cœur...

Le Roi éprouva, peu de temps après, une grande et douloureuse émotion quand, au mois de mai fut votée, par l'Assemblée nationale, la loi de ban­nissement. Les sanglantes journées de juin 1848 ne laissèrent pas indifférente la colonie exilée, et un moment le Prince de Joinville et son frère, le Duc d'Aumale, songèrent à partir pour Paris, malgré tout, pour défendre le pays, attaqué par les pires ennemis de la société.

La France commençait à reconnaître tout ce qu'elle avait perdu à la chute de la monarchie. « L'histoire allait mettre en regard de la simple grandeur et de la prospérité du règne de Louis-­Philippe les hontes et les misères de la Révolu­tion de 1848. Ce fut tout à la fois le châtiment de notre époque et l'enseignement de l'avenir », a dit, avec justesse, le comte de Montalivet.

Au mois de novembre, la visite de la Reine des Belges, la fille dévouée du Roi, vint calmer, pendant quelques jours, l'amertume de l'exil.

Tout à coup, tous les Princes tombèrent malades, empoisonnés par les eaux du château qui servaient à la cuisine. Des tuyaux de plomb en étaient la cause. Le Roi, avec sa famille, quitta Claremont pendant le temps des réparations, et s'installa à Richmond, au grand hôtel du Star and Garter qu'il avait habité en 1815 et 1816. Les Princes furent promptement rétablis, mais il n'en fut pas de même de la santé de la Reine, dont la santé donna les plus vives inquiétudes.

Leurs Majestés furent, à cette époque, fort attristées par la mort de fidèles amis qui les avaient suivis en exil. M. Vatout, récemment nommé membre de l'Académie française, avait succombé le 3 novembre, et n'avait pu même aller prendre possession de son fauteuil, Mme la Comtesse de Montjoie, ancienne dame d'honneur de Madame Adélaïde, mourut le 3 décembre, et quelques mois après, la Marquise de Dolomieu sa sœur, dame d'honneur de la Reine, la suivait au tombeau.

Au commencement de mars 1849 seulement, la Reine fut en convalescence, et pour hâter son complet rétablissement, le Roi alla s’établir à Saint-Léonard, près d'Hastings, sur la côte de Sussex. Ce n'est qu'au mois de mai que l’air de la mer lui rendit toutes ses forces. Pendant ce séjour, Louis-Philippe reçut beaucoup de visites de Français, heureux de saluer le vieux Roi exilé, qui avait laissé en France tant de regrets. Ces marques nombreuses de dévouement, qui ve­naient le chercher sur la terre d'exil, ne trou­vèrent pas Louis-Philippe insensible. Mais il ne se faisait aucune illusion et ne croyait pas à une réaction qui, aux yeux de beaucoup cependant  paraissait certaine.

L'événement prouva plus tard que si cette réaction se porta sur un Bonaparte, dont le nom n'était pas encore usé, rien n'aurait empêché qu'elle pût se faire au profit de la Maison de Bourbon réconciliée...

Un jour, dans une conversation avec un de ses meilleurs serviteurs, qui lui exposait les raisons qui lui faisaient croire que la République dispa­raîtrait bientôt : «  Tout est possible en France, s'écria le Roi ; mais rien n'y durera, parce que le respect n'y existe plus ».

Au mois de juin 1849, l'arrivée, à Saint-Léo­nard, de Mme la Duchesse d'Orléans, qui venait de Weimar avec ses deux fils, causa au Roi une grande joie. La Princesse fut si touchée des efforts affectueux que toute la famille royale fit pour la retenir, qu'elle promit de revenir au printemps de 1850, pour la première communion du Comte de Paris.

L'automne se passa à Claremont, dans une triste tranquillité. La Reine, entièrement rétablie, consacrait tous ses soins au Roi, dont rien n’annonçait alors la fin. Plus que jamais ont distinguait toutes les exquises qualités de Louis-Philippe ; son esprit était aussi clair, sa mémoire aussi fidèle, sa conversation aussi pleine de charme. Rentré en possession de ses biens, il avait pourvu à l'extinction progressive de toutes ses dettes, dettes contractées pour le bien de la France  (2).

Le 18 décembre 1849 il se départit de ses habitudes de retraite, et fit, au château de Drayton-Manor, une longue visite à sir Robert Peel, qui avait présidé le Cabinet Anglais en 1844. Le célèbre homme d'État, qui appelait la Révolution de Février « un effet sans cause », le reçut en Roi, Louis-Philippe fut sensible aux paroles suivantes que Robert Peel lui adressa, à la fin du lunch suivant l'usage anglais.

 

« Sire, nous vous avons dû la paix du monde ; chef d'une nation justement susceptible, justement fière de sa gloire militaire, vous avez su atteindre ce grand but de la paix, sans jamais sacrifier aucun intérêt de la France, sans jamais laisser porter aucune atteinte à son honneur, dont vous étiez plus jaloux que personne. C'est surtout aux hommes qui ont siégé dans les Conseils de la Cou­ronne britannique qu'il appartient de le proclamer. »

 

Au milieu des tristesses de l'exil et en face de la mort prochaine, le vieux Roi déchu a dû trou­ver dans cet hommage d'un étranger, la consola­tion à tant d'injustices françaises (3). A son retour à Claremont, il exprima le plaisir qu'il avait éprouvé dans cette excursion.

C'est à cette époque que Louis-Philippe sentit combien une réconciliation sincère entre tous les membres de la Maison de Bourbon était né­cessaire et utile à la France. Ce fut un des der­niers vœux manifestés par le Roi. Non seulement M. Guizot était entré sans réserve dans ces idées. Sa correspondance nous révèle combien le Roi Louis-Philippe les favorisait de tout son pouvoir et les appuyait de toute son autorité. Le Roi disait à M. Guizot en juillet 1850 :

«  Mon petit-fils ne peut régner au même titre et aux mêmes conditions que moi, qui ai fini par échouer. Il ne peut être que roi légitime, soit par la mort, soit par l'abdication de M. le Duc de Bordeaux, soit à son tour. Mais je n'ai, quant à présent, ni résolution à prendre, ni démarche à faire. Je n'ai qu'à attendre. C'est un grand mal que la désunion de la Maison de Bourbon : je n'y ajouterai pas le scandale de la désunion dans la Maison d'Orléans. Il faut que tous les miens soient de mon avis. Tous mes fils en sont, mais ce n'est pas tout. Il me faut du temps (4). »

Toutefois, ni le Roi Louis-Philippe, ni M. Gui­zot n'estimèrent que ce fut assez dans les circons­tances où se trouvait alors le pays, de former des vœux platoniques en faveur de la fusion. Avec les conseils, avec les encouragements du premier, le second se mit en mesure de faire parvenir à M. le Comte de Chambord l'expression des idées qui avaient cours au château de Claremont, et de préparer le terrain à une solution qui, dès cette époque, était chère aux meilleurs esprits. M. Gui­zot rédigea donc, à la fin de l'année 1850, une note développée, sur les conditions dans lesquelles pouvait s'accomplir la réconciliation des partis monarchiques.

Cette note est une des pages les plus judi­cieuses et les plus élevées qui soient sorties de la plume de l'illustre homme d'État qui, après avoir défini ce qui doit appartenir en propre aux légitimistes et aux orléanistes dans l'exercice du gouvernement royal, posait ainsi ses conclusions :

 

En 1830, une grande, une très grande partie de la nation s'est sentie attaquée, et mise en péril dans ses droits, dans ses intérêts, dans son honneur. Elle a fait ou approuvé, contre le droit monarchique, une révolution. A tort ou à raison, elle n'a pas cru pouvoir défendre par un autre moyen ses intérêts, son honneur, ses droits. La révolution faite, le pays et son gouvernement nouveau se sont efforcés de l'arrêter, de la régler, d'en faire sortir, sous un prince de la Maison de Bourbon, une monarchie constitutionnelle. Cette monarchie a duré dix-huit ans, elle a maintenu l'ordre légal en France et la paix en Europe. Pendant dix-huit ans, la France a vécu libre et prospère. Nul autre gouvernement, depuis soixante ans, n'a duré davantage et n'a plus sincèrement et plus libé­ralement gouverné. En 1848, ce gouvernement a été sou­dainement renversé. Sans regarder plus avant, sans rechercher les causes secondaires de sa chute, on est en droit de dire qu'il ne possédait pas toutes les conditions vitales de la durée.

« Ce sont là deux grands faits qui planent maintenant sur tous les partis, et qui, pour M. le Comte de Chambord et pour la France, doivent présider à toute politique. On peut dire que Dieu a parlé. La France doit recon­naître que le respect du droit monarchique et l'union des partis monarchiques sont indispensables à la monarchie. M. le Comte de Chambord doit reconnaître que la monar­chie de 1830 a été nationale et légale, et qu'elle a sauvé la France de l'anarchie. Par cette attitude simultanée, ni M. le Comte de Chambord, ni la France n'abandonnent leur dignité et leur droit. Ils se rapprochent sans se renier. Ils rendent ensemble hommage à la vérité et à la nécessité. »

 

«  La note de M. Guizot fut mise sous les yeux de M. le Comte de Chambord par l'intermédiaire de M. le duc de Noailles. Le Prince l'examina avec l'attention qui lui était due, et y répondit, comme on sait, par une des plus magnifiques lettres de sa correspondance. M. le Comte de Chambord, après avoir rendu hommage à la supériorité d'esprit, à la haute capacité et à la longue expérience de M. Guizot ajoutait : « Je les ai lues (ces pages) avec d'autant plus d'intérêt et de satisfaction que, sur la plupart des points et à quelques différences près, je partage les pensées et les vues qu'elles expriment.

« C'est donc le programme tracé par M. Guizot d'une main si magistrale en 1850, qui s’est exécuté en 1873. Libre au parti républicain de traiter de haut l'évolution si patriotique et si nationale que les conservateurs accomplirent alors, mais ce que nous contestons à nos adversaires, c'est de pouvoir prétendre qu'elle a eu lieu en opposition avec les traditions respectives des deux partis monarchiques. En réalité, leur union, désormais indissoluble, est au même degré l'œuvre du Roi Louis-Philippe et de M. le Comte de Chambord (5). »

Nous trouvons un autre témoignage non moins important des sentiments du Roi sur la fusion. Son serviteur et ami dévoué, le comte de Montalivet s’exprime ainsi… :

 

« Louis-Philippe n'a pas su seulement se défendre de tout sentiment amer pour le pays qui l'avait repoussé, dans un jour d'égarement, il n'a pas même désespéré de la France, comme en désespérait Napoléon à Sainte-­Hélène. Son orgueilleuse douleur ne l'a pas condamnée pour toujours à la République ou aux Cosaques. Il croyait encore à la Monarchie et à la grandeur qui l'accompagne. Mais sa haute raison fondait, avant tout, cette espérance sur la réunion des partis monarchiques, qu'il regardait comme la condition nécessaire du salut de la société. Louis-Philippe voulait et conseillait cette grande conci­liation. Il ne la croyait pas moins compatible avec l'hon­neur de sa mémoire et de sa Maison, qu'avec l'avenir de la liberté en France.

« Ce vœu suprême d'une intelligence qui s'est éteinte dans toute sa force, d'un patriotisme, éclairé tour à tour par la puissance et par l'exil, sera-t-il un jour entendu par la France ? Qui pourrait le dire, hélas !... J'ai le droit, du moins, de m'en emparer, pour résumer par un seul trait les sentiments qui éclatent dans les récits de ce livre (6) : la dernière pensée politique de Louis-Philippe a été une pensée d'union et de désintéressement personnel, une victoire remportée sur les préjugés et sur les pas­sions vulgaires. »

 

L'hiver de 1850 fut très rude, et la santé du Roi s'en ressentit. Sans qu'aucun symptôme alarmant ne se fût encore manifesté, au mois de mai, on fut frappé du changement général dans son aspect. On pensa que l'air de Saint-Léonard, dont la Reine s'était si bien trouvée, lui serait aussi favorable, et l'on s'y rendit. Le Roi sembla, tout d'abord, s'en trouver bie, et les beaux jours amenèrent encore en Angleterre beaucoup de Français. Il tenait à les recevoir tous, et prenait un grand plaisir à leurs conservations. Mais, si tous constataient la plénitude de son intelligence, la netteté et la clairvoyance de son esprit, ils sortaient émus et frappés de son visible dépérissement. La Reine des Belges vint à cette époque embrasser son père qu’elle ne devaient plus revoir. Souffrante, dès son arrivée, elle repartit pour la Belgique dès qu'elle put supporter le voyage.

Mme la Duchesse d'Orléans arriva bientôt avec ses enfants, et la prermière communion de M. le Comte de Paris fut fixée au 20 juillet. L'abbé Guelle, qui avait commencé l’éducation chrétienne du jeune Prince au Palais des Tuileries, et qui, depuis deux années, avait fait de fréquents voyages à Eisenach, pour achever sa mission spirituelle, s'était rendu en Angleterre au commencement de juillet.

«  Mme la Duchesse d'Orléans avait très sagement compris combien il importait que le grand acte qui initie l'enfance à la vie catholique s'accomplît, pour son fils aîné, avec la publicité la plus solennelle. C'était en outre un rendez-vous tout naturel à donner aux amis, encore assez nombreux alors, qui ne cherchaient que l'occa­sion d'apporter le témoignage de leur dévouement à la famille royale, dans son exil. Il avait donc été réglé que la cérémonie aurait lieu à Londres dans la chapelle française, avec toute la pompe religieuse que comportaient le lieu et les circons­tances. On ne s'était pas trompé en comptant sur un nombre considérable de Français pour assister à cette auguste et touchante solennité. Il faut bien le dire, le vieux Roi, plus que son petit-­fils, contribua à l'émotion universelle. Il avait voulu, ce jour-là, rajeunir, et en quelque sorte égayer son costume ordinaire, et il n'y eut per­sonne qui ne fut tristement frappé du contraste de ce vêtement avec le visage et la démarche de celui qui le portait. Ce fut Mgr Wiseman, alors vicaire apostolique à Londres, qui célébra la messe. Les paroles qu'il prononça avant et après la communion du jeune Prince, furent d'une par­faite convenance, en même temps que d'une pieuse simplicité. Le Roi en fut très touché, et conserva de toute la cérémonie une grave et pro­fonde impression. Il retourna le lendemain à Claremont (7). » .

Mais les sources de la vie étaient taries chez lui, et le dépérissement général augmentait chaque jour. La Reine le voyait, et avec cette énergie et cette force d'âme, si remarquables chez elle, avait demandé au docteur Gueneau de Mussy de lui dire la vérité sans aucun ménage­ment. Le 25 août, le docteur lui déclara que tout espoir de prolonger la vie du Roi était perdu.

Louis-Philippe avait toujours déclaré son in­tention de mourir chrétiennement. La première communion du Comte de Paris, en le pénétrant d'une émotion toute religieuse, l'avait affermi dans son dessein. Il se sentait mortellement atteint, mais croyait avoir encore quelques mois ou quelques semaines à vivre. A onze heures du matin, la Reine s'agenouilla devant son lit et le conjura de faire appeler l'abbé Guelle. Louis-­Philippe sourit tristement, et interrogea le mé­decin en disant que la Reine exagérait sa situa­tion. Avec beaucoup de ménagements, M. de Mussy confirma le langage de la Reine.

« Allons, il faut prendre congé de tous, dit-il, avec calme et douceur. » Et il ne songea plus qu'à se préparer à mourir en chrétien, en Roi digne de sa race... Toutefois, il se rappela qu'une page de ses Mémoires sur le maréchal Macdonald était restée inachevée. Il fit mander le général Dumas, et avec une grande netteté d'esprit, acheva le passage commencé. Ensuite il resta seul un quart d'heure avec la Reine pour lui dicter quelques dispositions testamen­taires relatives à des amis. Puis il signa le papier, d'une main déjà glacée par les approches de la mort. Il en avait fini avec les choses de la terre, et ne pensa plus qu'à Dieu.

A trois heures après-midi, l'abbé Guelle, son aumônier, entra dans sa chambre. Il était assis dans un grand fauteuil, la Reine se retira aussi­tôt. « Mon cher abbé, dit le Roi, je veux ac­complir ce que j'ai promis. Je possède toutes mes facultés ; et mes devoirs de conscience, je les remplis avec une parfaite connaissance de ce que je fais... Puis il fit le signe de la croix, prononça la déclaration la plus catholique, et se confessa. Lorsque le prêtre lui eut donné l'ab­solution, il dit lentement, avec foi et componc­tion, un acte de contrition dont les termes étaient bien tirés de son cœur : « Vous m'avez fait du bien, dit-il à l'abbé Guelle, mais hâtez-vous de me donner la communion, car je sens que je  m’en vais...

La Reine, les Princes et les Princesses entrèrent, et le Roi les bénit tour à tour. Puis il communia, et demanda à recevoir l'extrême-onction. Pendant que ce sacrement lui était administré, Louis-­Philippe en suivait avec recueillement les rites et les prières. « Vous oubliez les mains, dit-il à l'abbé. Celui-ci lui assura que ce n'était point nécessaire. - Puis se tournant vers la Reine : « Tu es bien contente, n'est-ce pas ? eh bien ! moi, je le suis aussi. »   Oui, répondit la Reine, et j'es­père bientôt te rejoindre !...

On amena ses douze petits-enfants qu'il em­brassa, et bénit. Tous les assistants pleuraient. Qui n'aurait été ému en assistant aux derniers moments de ce Prince que le sort avait si cruel­lement atteint, et dont la résignation chrétienne et le calme étaient si grands.

Vers le soir, la fièvre lui donna une force fac­tice, ce qui lui permit de répéter avec le prêtre la prière du soir. Puis un peu plus tard, se tour­nant vers la Reine : « Ma chère amie, je suis content ; j'éprouve un vrai bien-être de m'être rapproché de Dieu ; je ressens un vrai soulage­ment, et je te promets que si Dieu prolongeait ma vie, j'approcherais régulièrement des sacre­ments ». La nuit s'acheva sans crise, et le matin la fièvre étant tombée, la faiblesse augmenta. Le 26 août à sept heures, l'abbé Guelle le trouva dans son lit avec la même sérénité sur le visage, et dans l'esprit la même liberté. Il se sentait mieux, et ne souffrant pas, il crut avoir encore de longues heures à vivre. Il demanda à l'abbé s'il le croyait bien préparé à mourir. Il voulut prier encore cependant, mais les lèvres purent à peine articuler quelques sons. L'agonie com­mençait : « Mon, bon docteur, dit-il à M. de Mussy, faites revenir l'abbé... Ce furent ses dernières paroles.

Il était près de huit heures. La Reine, Mme la Duchesse d'Orléans avec ses enfants, le Duc de Nemours, le Prince de Joinville, le Duc d'Aumale, les Princesses, la Princesse Clémentine et son mari, et avec eux les fidèles compagnons de leur exil étaient à genoux. L'abbé Guelle renouvela la sainte formule de l'absolution, et commença les dernières prières, en engageant le Prince à s'y associer. Celui-ci, par un signe, répondit affir­mativement. Quelques minutes après, sans lutte, sans souffrances, le Roi rendait le dernier soupir. Il était huit heures un quart... « La Reine lui ferma les yeux, et, montrant à ses fils les restes inanimés de leur père : « Sa dernière pensée, leur dit-elle, le dernier vœu qu'il m'a exprimé, est que vous restiez toujours unis. Promettez-­moi que vous le serez. » Les Princes le pro­mirent, et scellèrent leur engagement en em­brassant leur mère. Puis tous se rendirent en­semble dans la chapelle, où la messe· fut dite pour le repos de l'âme du défunt (8). »

Le propriétaire de la modeste chapelle de Weybridge prêta le caveau de sa famille situé dans un petit jardin. Le 2 septembre eurent lieu les obsèques, au milieu d'un grand concours d'amis venus de tous les points de la France pour rendre leurs devoirs au dernier Roi des Français. Ses restes mortels, et plus tard ceux de la Reine et des autres jeunes Princes et Prin­cesses morts en exil, reposèrent dans ce caveau jusqu'au jour (9) où ils furent transportés en France dans l'église de Dreux. La Reine Marie-Amélie, comme aux funérailles de son fils aîné le Duc d'Orléans, avait assisté à la cérémonie funèbre jusqu'au bout. On l'a dit avec raison : « C'était, dans la plus sublime acception du mot, la femme forte de l'Écriture, forte uniquement parce que la force venait d'en haut à sa faiblesse. »

Lorsque le testament du Roi fut ouvert, on y trouva cette page admirable, datée de mai 1849...

 

« Fasse le Ciel que la lumière de la vérité vienne enfin éclairer mon pays sur ses véritables intérêts, dissiper les illusions qui ont tant de fois trompé son attente, en le conduisant à un résultat opposé à celui qu’il voulait atteindre. Puisse-t-elle le ramener dans ces voies d’équité, de sagesse, de morale publique et de respect de tous les droits, qui peuvent seules donner à son gouvernement la force nécessaire pour comprimer les passions hostiles et rétablir la confiance par la garantie de sa stabilité ! Tel a toujours été le plus cher de mes vœux, et les malheurs que j'éprouve avec toute ma famille, ne font que le rendre plus fervent dans nos cœurs. »

 

« Lorsqu'un vieillard auguste, a dit M. de Montalivet, fait entendre de telles paroles devant Dieu même, lorsqu'en regard de cette vie si clé­mente et si patriotique on évoque le souvenir des trois exils de Louis-Philippe, des assassinats dirigés contre sa personne, de sa chute au 24 fé­vrier, de sa mort sur la terre étrangère, l'âme demeure muette sous les décrets impénétrables de la Providence, et l'esprit n'a plus qu'un doute cruel sur les conditions nécessaires du gouverne­ment des sociétés humaines !... »

Pour compléter à la fois son portrait et sa dé­fense, je dirai avec Bossuet :

 

« Il était juste, modéré, magnanime, très instruit de ses affaires et des moyens de régner ; jamais prince ne fut plus capable de rendre la royauté non seulement vé­nérable et sainte, mais encore aimable et chère à ses peuples. Que lui peut-on reprocher, sinon la clémence ? Je veux bien avouer de lui ce qu'un auteur célèbre a dit de César, qu'il a été clément jusqu'à être obligé de s'en repentir. Cœsari proprium et peculiare sit clementia insigne quâ usque ad penitentiam omnes superavit (10). Que ce soit donc là si l'on veut l'illustre défaut de ce prince, aussi bien que de César ; mais que ceux qui veu­lent croire que tout est faible dans les malheureux comme dans les vaincus, ne pensent pas pour cela nous persua­der que la force ait manqué à son courage, ni la vigueur à ses conseils. »

 

Selon la noble expression de sir Robert Peel, c'était un grand homme de bien que le Roi Louis-­Philippe, et qui eut, comme la plupart des Princes qui gouvernèrent la France au XIXe siècle, la douleur de mourir en exil.

Mais, comme l'a dit avec tant de justesse M. Cu­villier-Fleury : « le Roi Louis-Philippe n'avait pas, comme l'Empereur Napoléon, poussé à bout la fortune de nos armes sur tous les champs de bataille de l'Europe. En lui, au contraire, c'est l'esprit constitutionnel qui a été vaincu par l'es­prit de révolte ; c'est la fidélité aux lois et aux institutions qui a été châtiée par l'exil ; noble exil après tout, car les plus amers regrets de la France y ont suivi le Roi de Juillet, et le respect douloureux du monde plane aujourd'hui sur son tombeau. »

Quarante années se sont écoulées, depuis la mort du Roi Louis-Philippe, et quand on songe aux événements étranges ou terribles dont la France a été le théâtre depuis lors, il est impos­sible, si l'on jette un regard en arrière, de ne pas considérer comme un immense malheur public la journée du 24 février 1848 et ses consé­quences.

On a vu qu'en avril 1793, à dix-neuf ans et demi, Louis-Philippe partait pour un premier exil qui devait durer près de vingt-deux ans. Mais, quand, en 1848, il dut s'éloigner pour la dernière fois, les sources de la vie étaient taries chez lui. La douleur de se sentir à tout jamais exilé, jointe au sentiment que la France se mon­trait si ingrate envers lui, a dû hâter sa fin.

Que de fois, un de ses amis, qui nous le racon­tait, ne l'a-t-il pas entendu répéter dans ses deux dernières années : « … Et mes fils ! pourquoi sont­-ils exilés ? Que peut-on leur reprocher ? N'ont­-ils pas toujours fait leur devoir, Nemours à Constantine, Joinville à Mogador, comme d'Au­male, le héros de la Smala d'Abd-el-Kader ?... »

Après le second Empire, qui accumula fautes sur fautes, fit le royaume d'Italie, n'empêcha pas l'unité allemande qui devait amener nos désastres de 1870, un gouvernement plus équitable ouvrit un moment les portes de la France à tous les princes d'Orléans. Un tel acte de justice ne pou­vait durer en République ! Les iniquités devaient se succéder vite.

Après avoir arbitrairement dépouillé les prin­ces de leurs grades dans l'armée, aussi bien le général Duc d'Aumale, le vice-amiral Prince de Joinville, que le colonel Duc de Chartres, le Robert le Fort de 1870, que le lieutenant de vais­seau Duc de Penthièvre, ou le capitaine d'artille­rie Duc d'Alençon, tous épris de leur métier, et officiers des plus distingués, on votait d'abord une loi qui empêchait d'entrer à l'École de Saint-Cyr le fils aîné du duc de Chartres, le Prince Henri, qui devait être l'intrépide explorateur de l'Asie Centrale.

Peu après, on chassait de France les aînés de la famille royale, Mgr le Comte de Paris et son fils, le Duc d'Orléans. A l'ancien officier de la République américaine, au nouveau chef de la Maison de France, on imposait un exil que cer­tains s'imaginent éternel ! On fait subir un empri­sonnement de quatre mois au Duc d'Orléans, puis on le reconduit à la frontière. Quel était le crime de celui-là ?... Il était venu demander, le jour de sa majorité, à servir son pays comme simple soldat. Il avait osé vouloir être l'égal du plus obs­cur des citoyens ?...

Les voilà donc tous frappés, tour à tour, ces fils et petits-fils du Roi Louis-Philippe, de ce Prince à qui la France doit les dix-huit meilleures et plus prospères années de ce siècle. Si l'ardent patriotisme de ces Princes est condamné à rester stérile, deux d'entre eux doivent subir les amer­tumes d'un cruel exil, quand jamais leur cœur n'a battu plus fort, pour l'ingrat pays qui les bannit !

Aussi ne pouvons-nous nous empêcher de nous écrier, avec ce Français qui, en 1850, arrivait de Londres tout ému de sa visite aux exilés :

« 0 chère France ! voilà des épées qui de­mandent à te servir, et tu les cloues dans leur fourreau !

« Voilà des intelligences honnêtes, vives, éclairées, qui voudraient t'apporter leur con­cours, et tu le rejettes !

« Voilà des cœurs qui s'élancent vers toi, et tu leur défends de venir à toi !

«  O chère France ! es-tu donc trop riche en épées, en intelligences et en dévouements ?

 

 

(1) Robe que la Reine conserva toujours, et dont, en 1866, elle fut revêtue dans son cercueil, selon son expresse volonté.

(2) Le Roi avait refait son testament sur de nouvelles bases, ne supposant pas qu'un jour viendrait, où un gouvernement régulier dépossèderait arbitrairement ses héritiers de leur fortune.

(3) « Il pressentait, dit M. Thureau-Dangin dans sa remarquable Histoire de la Monarchie de Juillet (Tome V), que l'Histoire s'ap­proprierait les paroles de sir Robert Peel. »  

(4) M. Guizot à M. de Barante, 9 juillet 1850.

(5) Le Comte de Paris, par le Marquis de Flers, Paris, chez Perrin (1887).

(6) Le Roi Louis-Philippe. Liste Civile, par le Comte de Monta­livet. Paris, Michel Lévy. 185l.  

(7) Vie de Marie-Amélie, Reine des Français, par M. Auguste Trognon, Michel Lévy, éditeur, Paris (1871).

(8) Vie de Marie-Amélie, Reine des Français, par M. Auguste Trognon. Michel Lévy, éditeur, Paris (1871).

(9) 9 juin 1876.

(10) Pline l'Ancien. Hist. natur. Liv. VII. Chap. 26.


                

 

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4 mars 2009 3 04 /03 /mars /2009 11:28

Couverture 

Catalogue

des livres

de

Botanique

composant la bibliothèque

de feu M. G. VIGINEIX

bibliothéquaire de la Société botanique de France

dont la vente aux enchères publiques

aura lieu le 28 janvier 1878 et jours suivants

à sept heures et demie précises du soir,

rue des Bons-Enfants, 28 (maison Sylvestre)

salle n°2

par le ministère de Me MULON, commissaire-priseur,

55, rue de Rivoli, à Paris,

assisté de M. Aug. AUBRY, libraire expert,

chez lesquels se distribue le Catalogue

Paris

Auguste AUBRY, libraire expert

18, rue Séguier, 18

1877

 

Première page

CONDITIONS DE LA VENTE

Elle sera faite au comptant.

Les acquéreurs paieront cinq pour cent en sus des enchères.

Les livres qui devront être vendus le soir seront exposés chaque jour de vente, de 2 à 4 heures. Ils devront être collationnés sur place dans les vingt-quatre heures ; passé ce délai, ou une fois sortis de la salle, ils ne seront repris pour aucune cause.

Les personnes qui ne peuvent assister à la vente sont priées d'adres­ser leurs ordres à M. Aubry (rue Séguier, 18), l'expert chargé de la vente.

 

Deuxième page

ORDRE DES VACATIONS

1. Lundi 28 janvier 1878 : 1 à 187

2. Mardi 29 janvier : 188 à 371

3. Mercredi 30 janvier : 372 à la fin

 

Troisième page

TABLE DES DIVISIONS DU CATALOGUE

Ouvrages non botaniques : 1 à 60

Botanique :

1° Ouvrages généraux : 61 à 99

2° Taxinomie. Ouvrages descriptifs : 100à 146

3° Flores françaises : 147 à 203

4° Flores européennes : 204 à240

5° Flores exotiques : 241 à 254

6° Cryptogamie : 255 à 275

7° Monographies : 276 à 291

8° Mélanges. Plaquettes et brochures : 292 à 414

9° Agriculture et horticulture : 415 à 514

10° Journaux et recueils d'agriculture et d'horticulture : 515 à 554

 

Pages 1 à 49

CATALOGUE

DE LA BIBLIOTHEQUE

De feu M. VIGINEIX

LITTERATURE, HISTOIRE, GEOGRAPHIE,

SCIENCES (autre que la Botanique).

1. Liber precum. Manuscrit du XVe siècle, ayant appartenu à Jean Cirot, seigneur de Saint-Symphorien (1491). Petit in-8° maroq. rouge, tr. dor.

2. Dictionnaire de l'Académie française. Paris, 1835. Supplé­ment, 1836. Ens.3 vol. in-4° v. et br.

3. Bouillet. Dictionnaire universel des Sciences, des Lettres et des Arts. Paris, 1855. Gr. in-8° d.-rel. chag. rouge, tête dorée.

4. Du Moulin. La philosophie françoise de P. du Moulin. Paris, 1637. Petit in-16 maroq. Lavallière, tr. dor. Titre gravé remonté.

5. Pascal. Les Provinciales. Cologne, P. de la Vallée, 1657 (Elsevier). Petit in-12 maroq. rouge, fil., tr. dor. (Bozérian). Bel exemplaire de la 1re édition sous cette date.

6. Comte Jaubert. Glossaire du Centre de la France. Paris, 1856. 2 vol. in-8° br. Gr.

7. Poésies. 4 vol. in-8° et in-12, d.-rel. mar., tête dorée. - Œuvres de Virgile, trad. par de Pongerville. 1843. - La Henriade, de Voltaire. 1829. - Oberon, de Wieland. 1800. - Le Paradis perdu, de Milton, trad. par de Pongerville. 1838.

8. Guizot. Histoire de la Révolution d'Angleterre. Paris, 1841.2 vol. in-8°, d.-rel. mar. vert.

9. Th. Lavallée. Histoire des Français. Paris, 1841. 2 vol. in-12, d.-­rel. mar. bl.

10. Galerie historique. Collection de 200portraits des person­nages les plus célèbres de l'histoire moderne, avec notices. Paris, 1842.2 vol. pet. in-4° d.-rel. mar. vert.

11. Malte-Brun. Géographie complète et universelle. Paris, s. d. 8 vol. gr. in-8° d.-rel. perc. n. rog., Fig. et cartes.

12. Atlas historique, scientifique, industriel et commercial. Paris, Migeon. Gr. in-4° perc. Cartes color.

13. Un fort lot de Cartes géographiques collées sur toiles, la plu­part de la Carte de France de l'Etat-Major.

14. Dictionnaire topographique de la France, comprenant les noms de lieus, anciens et modernes, publié par ordre du ministre de l'Instruction publique. Paris, Impr. imp., 1861-72. 14 vol. in-4° br.

15. Dictionnaire universel du Commerce et de la Navigation. Paris, 1863. 2 vol. gr. in-8° d.-rel. mar. br., tête dorée.

16. Bazin. Histoire de France sous Louis XIII et le Cardinal Mazarin. Paris, 1846. 4 vol. in-12, d.-rel. chag. vert.

17. Béclard. Traité élémentaire de physiologie humaine. Paris, 1859. In-8° d.-rel. bas. v. Fig.

18. A. Comte. Physiologie pour les collèges et les gens du monde. Paris, 1834. ln-4° d.-rel. Pl. col.

19. Galtier. Traité de toxicologie médico-légale. Paris, 1845-55. 2 vol. in-8° br.

20. Littré et Robin. Dictionnaire de médecine. Paris, 1865. Gr. in­8° d.-rel. ch. v.

21. Tardieu. Dictionnaire d'hygiène publique et de salubrité. Paris, 1852. 3 vol. in-8° br.

22. Cazeaux. Traité de l'art des accouchements. Paris, 1870. Gr. in­8° br. Fig.

23. Régnault. Cours de chimie. Pet. in-4° d.-rel. perc. Autographié.

24. Bory de Saint-Vincent, etc. Annales générales des sciences physiques. Bruxelles, 1819. 6 vol. in-8° d.-rel. planches.

25. Follin et Duplay. Traité élémentaire de pathologie externe. Paris, 1865-71. 3 vol. in-8° br. Fig.

26. Histoire naturelle, médecine. 13 plaquettes in-8° d.-rel. perc. Fig. - Matière médicale, par Coste. - Essai sur la douleur, par Sarazin. 1805 - De la vipère, par Soubeiran. 1855 - Ornithologie, par Viellot. 1816. - Accroissement des incisives chez les rongeurs. 1850 - Mémoire sur les sept espèces d'hommes, par Peyroux de la Coudrenière. 1814  -  ­Et autres, par Tissot, Payen, Michaelis.

27. Histoire naturelle, médecine. 23 broch. in-4°, par A. Dumé­ril, Bourgery, Brongniart, Cuvier, Geoffroy Saint-Hilaire, Raspail, Puel (Catalepsie), etc.

28. Microscopes. 18 broch. in-8°, par Ch. Chevalier, Hannover, Pritchard, Descloizeaux, Robin, schacht, etc.

29. Berzelius. Traité de chimie. Paris, 1829-31. 8 vol. - Annuaire des sciences chimiques. 1837- Ens. 9 vol. in-8° br.

30. Passy. Description géologique du département de l'Eure. Evreux, 1874. In-4° br.

31. Dumas. Statique chimique des êtres organisés. - Robert. Géo­logie de l'Islande et du Groënland. - De Saussure. Agenda du géo­logue dans les Alpes. - Pomel. Description de la carte géologique du massif de Milianah, etc. - 12 brochures.

32. Cours de Zoologie, par Milne-Edwards. 1847. - Cours de minéralogie, par Beudant. 1851. - Cours de météorologie, par Kaemtz. 1843. Ens. 3 vol. in-12 d.-rel. ch. Fig.

33. De Castelnau. Animaux nouveaux ou rares recueillis pendant l'expédition dans les parties centrales de l'Amérique du Sud, de Rio­-de-Janeiro à Lima, et de Lima au Para, exécutée par ordre du gouver­nement français, de 1843 à 1847. Paris, 1857. 3 vol. in-4° d.-rel. parch. Nombr. planches coloriées.

34. George. Monographie du genre Daman. 6 pl. n. - Cosson. Accli­matation de la Carpe et de la Tanche en Algérie. - Viaud Grand-­Marais. Etude sur les serpents de la Vendée. – Pihorel. Serpents à son­nette. - Derheims. Histoire des sangsues. - Sodoffsky. Behandlung der Lepidopteren. - Murray. Tentamen testaceologiae, etc. - 9 brochures.

35. Ch. Bonaparte et H. Schlegel. Monographie des Loxiens. Leiden et Düsseldorf, 1850. In-4° cart. 54 planches coloriées.

36. Bleeker. Enumeratio specierum Piscium hucusque in Archi­pelago indico observatarum. Batavioe, 1859. In-4° d.-rel. chag. vert.

37. Olivier. Entomologie ou histoire naturelle des Insectes. Paris, 1789. 3 vol. gr. in-4 ° cart. n. rog. Pl. col.

38. Chaubard. Fragments de botanique critique. 1830. - Théorie de la vision. 1833. - Notice géologique sur les terrains du Lot-et-­Garonne. 1834. - Eléments de géologie. 1838. - Essai de philosophie positive. 1841. - Ens. 2 vol. eq br. in-8°.

39. Constancio. Dictionnaire français-portugais et portugais-fran­çais. 1842. 2 part. en 1 vol. - Achaintre. Synonymes latins. Paris, 1821. 1 vol. in-8°, veau pl. - Thomas. Manuel des Halles et Marchés en gros. Paris. 1872. 1 vol. rel.

40. Ollendorff. Méthode pour apprendre l'Allemand, l'Espa­gnol, l'Italien. Paris, 1873 et 1874. Ens. 4 vol. in-8° br.

41. Delille. Les Géorgiques de Virgile. Paris, 1784. 1 vol. in-8°, rel. veau pl. - L'Imagination. Paris, 1819. 2 voL in-8°, rel.

42. Voltaire. Œuvres. Paris, 1856 (J. Bry). 9 vol. in-8° br. - J.-J. Rousseau. Œuvres. Paris, 1856 (J. Bry).10 vol. in-8° br.

43. Ténot. Le coupd'Etat en province, en 1851. Paris, 1868. 1 vol. rel. - Dien. De l'usage des globes et sphères. Paris, 1 vol. br., 3 pl. ­Signaux de la marine française, etc. - Ens. 4 vol.

44. Theil. Dictionnaire de biographie, mythologie, géographie anciennes. Paris, 1865. 1 vol. in-8°, f. n. dans le texte. - Fouquet. Rui­nes et monuments celtiques et romains du Morbihan. Vannes, 1853. 1 vol. rel. Carte.

45. Périgot. La France (Géographie, etc.). Paris, 1 vol. rel., 2 pl. ­- Landrin. Les Plages de la France, 3e éd. Paris, 1875. 1 vol. rel. Fig. n. dans le texte.

46. Baron. La Belgique monumentale, historique et pittoresque. 1844. 2 vol. in-4° rel. Fig. et pl. n. dans le texte. -  Catalogue du Musée des Thermes. 1860. 1 vol. br. - Idem, 1871. 1 vol. rel.

47. Chansenque. Les Pyrénées. Agen, 1854. 2 parties en 1 vol. in­8°, cart. - Joanne. Les Pyrénées. 1868. - Les Pyrénées, 1874. 2 vol. – E. Wallon. Ascension au Cabaliros (Pyrénées). 1 cart. col.

48. Dictionnaire des Postes de la République française (avec sup­plément). Paris, 1876, 1 vol. in-8° cart.

49. Annales de la Société académique de Nantes. 1er semestre, 1875. 1 vol. in-8° br.

50. Aragot. Annuaire du bureau des longitudes pour 1851. 1 vol. in-12 rel. – Chevreul. Loi du contraste simultané des couleurs. 1839. 1 vol. rel. - Congrès scientifique de France, onzième session. Angers, 1843. 2 vol. in-8° rel.

51. Gouget. Traité théorique et pratique du levé des plans. Orléans, 1870. 1vol. in-8° rel. Pl. - Vogin. Traité pratique d'arpentage. Vesoul, 1870. 1 vol. rel. 4 pl.

52. Desportes et Constancio. Conspectus des Pharmacopées de Dublin, Edimbourg, Londres et Paris. Paris, 1820. 1vol. in-12, veau pl. - Barbier. Traité élémentaire de matière médicale. Paris, 1824. 3 vol. rel. (mouillé, taché). - Alibert. Nouveaux éléments de thérapie et de matière médicale. Paris, 1816. 2 vol. veau pl. (reliure fatiguée).

53. 22 brochures sur la Chimie, la Zoologie, etc. - Catalogue de la bibliothèque Ad. Brongniart ; 1876.

54. Association française pour l'avancement des sciences. 1872­-1876. 5 vol. in-8° cart.

55. Mémoires de la Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux. Années 1854, 1861, 1864, 1867, 1869. 5 vol. in-8° rel. pl. n. et col.

56. 10 mémoires sur les Sciences naturelles, par Cuvier, Fourcroy, Réaumur, etc. - 6 brochures : Catalogue des produits des colonies françaises. Notices sur le Canada, le Chili, l'Uruguay, etc.

57. Beudant. Cours élémentaire d'histoire naturelle : minéralogie et géologie. 14e édition. 2 parties en 1 vol. broch. - Gilbert et Mar­tin. Précis d'histoire naturelle (Géologie, Minéralogie, Botanique). Paris, 1839. 1 vol. veau pl. - Boitard et Canivet. Manuel du natura­liste-préparateur (Roret). Paris, 1828, éd. 2 vol. in-12 rel.

58. Buffon. Œuvres (éd. Pillot), Paris, 1829-1831. 29 vol. br. in-8°. Pl. col.

59. Lacépède. Œuvres. Quadrupèdes, ovipares, serpents, poissons. Paris, 1830-1832. 13 vol. in-8° br. Pl. col.

60. 1 lot de Guides de chemins de fer, Catalogues des Beaux-Arts, 4 nos de la Lanterne, 5 de la Cloche, Biographie de Rochefort, etc.

BOTANIQUE.

1. OUVRAGES GENERAUX.

61. Mémoires de la Société Linnéenne de Paris. 1822-28. 6 vol. in-8° rel. Pl.

62. Bulletin des Sciences de la Société philomatique de Paris. 1815-1818. 4 part. en 1 vol. in-4°, rel. Pl. (Mémoires de botanique, par Saint-Hilaire, de Candolle, Cassini, Brisseau-Mirbel, etc.).

63. Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. 1821-28. 4 vol. in-4° cart. Pl.

64. Bulletin de la Société Botanique de France. 23 vol. in-8° br. et en livr., ex complet jusqu'à 1876 inclus. - Tables des 20 premiers vol. reliées à part en 1 vol.

 

à suivre ...

 

 

Le petit Viginet, n°25, juin 2008

 

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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 01:57
Livre du marquis de Flers paru en 1891, E. Dentu éditeur, Librairie de la Société des gens de lettres.
Ceci n'est que le onzième chapitre d'une série de douze.

LE ROI LOUIS-PHILIPPE
VIE ANECDOTIQUE
1773-1850

par le Marquis de Flers
 

 

 

CHAPITRE XI

Les derniers jours du Roi Louis-Philippe et de la Reine Marie Amélie en France, 25 février-2 mars 1848.

 

Tant de récits inexacts ont été publiés sur les derniers jours du Roi Louis-Philippe en France, principalement par M. de Lamartine, dans son Histoire de la Révolution de 1848 (nous devrions dire son roman), qui n'est qu'un tissu d'erreurs plus ou moins volontaires, que nous avons jugé utile et intéressant de rectifier des récits fantai­sistes et de dire très exactement ce qui se passa alors.

Le Roi, persuadé que la Régence était procla­mée à la Chambre des députés à Paris, croyait que son éloignement immédiat écarterait tout soupçon que son abdication eût été arrachée par la violence, et il avait songé à se rendre au château d'Eu. Mais le départ avait été si préci­pité, qu'aucuns préparatifs n'avaient été faits. Le général Dumas conduisit Leurs Majestés à Trianon d'abord, puis (dans deux berlines prises à Versailles), à Dreux, où l'on arriva dans la soirée du 24. Pour conserver l'incognito et voyager avec plus de sécurité, on avait jugé pru­dent de se séparer.

Une des berlines fut donnée à la Princesse Clémentine de Saxe-Cobourg et Gotha qui, avec son mari, ses trois enfants et la petite fille du Duc de Nemours, la Princesse Marguerite, voyagea sous les auspices de M. Aubernon, préfet de Seine-et-Oise, et arriva heureusement à Boulogne où, à bord du paquebot, elle rencontra le Duc de Nemours, avec lequel elle débarqua à Folkes­tone le 27 février.

Le 25 février au matin, à Dreux, le Roi et la Reine apprirent la proclamation de la République à Paris. Gagner la côte la plus proche et passer en Angleterre, fut le parti auquel ils s'arrê­tèrent ; il fut décidé que l'on se dirigerait vers Honfleur, au pavillon de la Grâce, propriété de M. de Perthuis, officier d'ordonnance du Roi. Il y avait alors, à Dreux, un sous-préfet, M. Ma­réchal, homme de tête et de cœur, dont l'intelli­gence égalait le dévouement. Assis sur le siège de la berline, il conduisit le Roi et la Reine à Évreux. On passa par Anet, Pacy-sur-Eure et la Roche-Saint-André où c'était jour de marché. Là, les augustes fugitifs furent reconnus, mais M. Maréchal s'étant nommé, aucune difficulté ne fut faite pour leur départ. On passa la nuit du 25 dans les environs du château de Malleville, appartenant à M. Dorvilliers, agent du Roi pour la forêt de Breteuil, qui était absent, ainsi que toute sa famille. Son fermier, un nommé Re­nard, crut d'abord qu'il avait devant lui des amis de M. Dorvilliers, et ne dissimula pas l'indigna­tion, l'horreur même que lui inspirait la nou­velle venue de Paris de la proclamation de la République. Ce langage inspira confiance, et on lui nomma les fugitifs. Très ému, il offrit de rendre tous les services que l'on souhaiterait. On courut à Évreux chercher M. Dorvilliers qui se mit aux ordres du Roi, et assura que l'on pouvait compter sur son fermier, homme courageux et intelligent. M. Maréchal, qui n'était plus dans son arrondissement, prit congé de Louis-Philippe, que Renard se chargea de conduire d'Évreux à Honfleur, dans son cabriolet, pendant que son valet de ferme prendrait la Reine dans la berline. Le secrétaire général de la préfecture d'Évreux, averti par M. Maréchal, était accouru à Malle­ville, et guida le valet de ferme, pour que la berline évitât la partie la plus fréquentée de la ville.

Renard conduisit tout d'un trait, avec de courts arrêts dans les auberges sur la route, le cabriolet où il se trouvait avec le Roi et son valet de chambre.

La nuit était venue. Pendant la soirée du 26, le temps était froid. Le Roi, déjà âgé, souffrit du vent et de la pluie pendant les quelques heures que dura le trajet jusqu'à Honfleur, distant de vingt-quatre lieues. La Reine était avec sa femme de chambre et le général de Rumigny, dans la berline. A trois heures et demie du matin, au re­lais de Pont-Audemer, le Roi et la Reine purent échanger quelques mots. Les deux voitures arrivèrent le 27 février, au point du jour, au pavillon de M. de Perthuis à Honfleur. Là, le brave Renard se retira, sans vouloir rien accep­ter, heureux, disait-il, d'avoir pu servir son Roi !

Le général Dumas, qui avait quitté celui-ci à Dreux, ainsi que M. de Pauligue, avaient gagné Rouen par le chemin de fer, et, le dimanche 27 seulement, arrivaient à Honfleur. Au Havre, le général Dumas et M. de Perthuis s'étaient rejoints, et ce dernier s'était occupé, avec M. Besson, un de ses amis, officier de marine, de trouver un bâtiment. Le jardinier du pavillon, nommé Racine, se montra non seulement dévoué, mais actif et intelligent. Il demanda la permis­sion de consulter un de ses amis intimes, nommé Hallot (un ancien matelot de la Belle-Poule, le bâtiment du Prince de Joinville, et qui avait été décoré par le Roi). Hallot, également plein de zèle, proposa de se procurer un bateau-pêcheur à Trouville, et il s'offrit ensuite pour conduire Louis-Philippe en Angleterre : on ne pouvait songer à faire partir la Reine sur une aussi petite barque. Sa Majesté consentit à laisser le Roi s'éloigner seul, à la condition absolue que s'il était arrêté, elle irait le rejoindre. Tout fut con­venu pour la nuit de 28 février, mais le vent était si violent et la mer si houleuse, qu'il y aurait eu danger à s'embarquer. Le général de Rumigny arriva à Trouville quelques heures avant le Roi, et prit des mesures pour le cacher, jusqu'au moment de son embarquement. Il avait mis dans la confidence le capitaine du port, M. Henri Barbet.

Le Roi se confia alors à cet homme. Cet hon­nête militaire le conduisit chez son frère, Victor Barbet, dont la fille, veuve d'un marin, avait pour la Reine et la famille royale une grande vénéra­tion. Ce fut une joie pour elle de recevoir le Roi, qui accepta cette hospitalité du 29 février au 1er mars au soir. Ceux qui accompagnaient le Prince étaient allés loger dans une auberge voi­sine. Pendant ce temps, du lundi soir 28 au 2 mars, la Reine resta seule à la Grâce, avec Mlle Muser, sa dévouée et intelligente femme de chambre.

Pendant ce temps, le Gouvernement provisoire de Paris envoyait l'ordre de doubler les senti­nelles sur toutes les côtes, et d'exercer la surveil­lance la plus rigoureuse dans les ports. Le capi­taine Barbet, alarmé de ces dispositions, eut la fâcheuse idée de rompre le marché conclu avec le premier bateau qui n'avait pu prendre la mer à cause du mauvais temps. Il offrit 1 000 F à chacun des deux matelots. L'un d'eux, mécontent, répandit le bruit qu'on lui avait offert de l'argent pour transporter, en Angleterre, un étranger caché chez Victor Barbet. Cette nouvelle occasionna une vive rumeur dans toute la ville de Trouville.

Tout à coup, le 1er mars, à huit heures du soir, le capitaine Barbet se précipite dans la chambre où se trouvait le Roi, lui apprenant que les autorités allaient faire une perquisition dans la maison, et qu'il fallait fuir, sans perdre une minute. Il l'entraîne, le confie à M. Guestier, un des propriétaires de Trouville, qui venait d'y exercer les fonctions de maire. Chez M. Guestier, famille et serviteurs s'étaient mis au ordres du Roi, lui déclarant que sur une population de trois  mille habitants, il n'y avait pas six républicains. La suite du Roi, qui s'était dispersée à la première alarme, le rejoignit chez M. Guestier. Là, on resta quelques heures attendant que les rues fussent à peu près désertes. C'était à qui montrerait le plus de zèle pour avoir l'honneur de conduire le royal fugitif et de se dévouer pour son service.

Le Roi et ceux qui l'accompagnaient partirent en avant à pied. On avait dû aller chercher chez le bourrelier le harnais du cabriolet de M. Guestier. Ce harnais heureusement était raccommodé. On passa devant trois corps de garde, qui ne firent pas attention aux voyageurs. Au village de La Touque seulement, Louis-Philippe put monter en voiture et entre quatre et cinq heures du ma­tin, arriva à peu de distance de La Grâce, où il ne tarda pas à être réuni à la Reine. Puis, M. Guestier se dirigea seul vers Quillebœuf pour chercher une retraite sûre, car il ne croyait pas probable que le Roi pût parvenir à s'embarquer à Honfleur.

M. Besson, le 27, avait cru pouvoir demander en confidence, au capitaine du paquebot anglais l'Express qui faisait le service entre Le Havre et l'Angleterre, de prendre un voyageur dans une barque en mer. Celui-ci avait répondu qu'à son grand regret il ne pouvait s'écarter de sa route, mais en arrivant à Southampton il avait avisé l'Amirauté anglaise qui, devinant qu'il s'agissait d'illustres proscrits, avait envoyé de suite, sur divers points de la côte, plusieurs bâtiments à vapeur, chargés de recueillir la famille royale en fuite.

Le jeudi 2 mars, à la pointe du jour, M. Jones, vice-consul anglais au Havre, vint à La Grâce annoncer, de la part du consul, M. Featherston­haugh, que le bateau à vapeur l'Express était de retour, et mis entièrement à la disposition du Roi. Il apprenait, en même temps, que le Duc de Nemours, la Princesse Clémentine et leurs en­fants étaient heureusement arrivés en Angleterre. On trouva plus prudent d'attendre le soir ; et le 2 mars, entre 5 et 6 heures, Louis-Philippe descendit, sous une pluie battante, la colline de Notre-Dame-de-Grâce, pour aller prendre passage, avec la Reine, sur le paquebot qui faisait le service entre Honfleur et Le Havre. Ce paquebot, le Courrier, sur le pont duquel le Roi et la Reine, confondus avec les passagers, firent la courte traversée de Honfleur au Havre (1) ne devait pas partir dans cette soirée du 2 mars. Ce fut M. Adolphe d'Houdetot, receveur des finances au Havre, frère du comte d'Houdetot, aide de camp du Roi qui, mis dans la confidence, frêta le bâteau, sous le prétexte d'aller chercher des fonds attendus pour le service de la recette.

Pendant ce temps, le procureur de la République cherchait vainement le Roi à Trouville, et quelques heures à peine après son départ, faisait avec des gendarmes une perquisition au pavillon de la Grâce.

Le vice-consul anglais, un moment oublieux de son rôle, se laissait aller à des éclats de voix bruyants, qui dominaient le bruit des vagues, et la musique discordante, exécutée à bord du Courrier par de pauvres artistes allemands qui jouaient l'air de Grétry : « O Richard, ô mon Roi, l'uni­vers t'abandonne ! ». Le hasard a toujours de ces à-propos. La Reine avait suivi une autre route que celle prise par le Roi : elle était accompagnée de M. de Perthuis. Enveloppée d'un manteau fort simple, recouvrant sa robe de moire noire garnie d'hermine, elle s'assit sur un banc, en compagnie de sa femme de chambre : les amis du Roi obser­vant entre eux la plus grande réserve, restaient isolés les uns des autres.

On arriva au Havre. Aucun gendarme ne veil­lait pour demander les passeports, les douaniers se promenaient silencieux, et la population sem­blait témoigner par son absence, d'une discrète et respectueuse protection. Le changement de bateau put donc s'opérer dans la plus complète sé­curité.

En débarquant sur le quai du Havre, le Roi, avec le général de Rumigny, le général Dumas, le consul et le vice-consul anglais montèrent sur le paquebot l'Express. Louis-Philippe était muni d'un passeport anglais, au nom de M. William Smith. La Reine, avec MM. Besson et Adolphe d'Houdetot, le rejoignait dans une cabine, et le consul put s'écrier : Enfin, grâce à Dieu, Sire, vous êtes sauvé !... Puis, à la grande joie de Leurs Majestés, il leur apprenait que la Duchesse de Montpensier était à Londres, le Duc de Montpen­sier, la Duchesse de Nemours et ses deux fils en sûreté à Jersey. On n'avait encore aucune nou­velle de Mme la Duchesse d'Orléans, du Comte de Paris et du Duc de Chartres ; le lendemain, 3 mars seulement, on fut rassuré sur leur sort.

Le Roi et la Reine se croyaient sauvés quand, sans le savoir, ils échappèrent à un nouveau danger. Une femme, qui exerçait sur le port les fonctions de commissionnaire, pour recommander les logements, à l'arrivée des paquebots, reconnut Louis-Philippe et le dit à un officier du port. Celui-ci se dirigea aussi tôt vers l'Express, il entrevit le Roi, et le reconnut aussi au moment où il descendait dans sa cabine. Il interrogea alors le capitaine, qui lui répondit qu'il partait avec des dépêches. L'officier lui demanda de visiter les cabines ? - Très volontiers, répliqua le capitaine, à mon prochain voyage, à moins que vous ne vouliez faire la traversée avec nous ? il est neuf heures précises et je dois prendre le large à cette heure. - Que signifie ? - Voyez. - ­Le capitaine avait fait un signe, le câble, détaché rapidement par ses matelots, et le paquebot s'ébranlant, l'officier n'eut que le temps de repas­ser sur le quai. De là il s'adressa à M. Feathers­tonhaugh, en le priant de lui dire qui il avait conduit quelques minutes auparavant à bord du paquebot ? - Mon oncle ! lui fut-il répondu d'un air narquois... – Ah ! monsieur le consul, qu'avez-vous fait !... - Ce que vous auriez fait vous-même à ma place, monsieur !... et le pa­quebot s'éloigna à toute vapeur. On apprit plus tard que cet officier avait envoyé de suite un rap­port sur le départ du Roi au nouveau préfet de Rouen.

Malgré une mer assez mauvaise, la traversée, qui dura dix heures, s'accomplit heureusement et Leurs Majestés débarquèrent le vendredi 3 mars, à sept heures du matin, à Newhaven. Le 4, elles arrivaient au Palais de Claremont, où la Reine Victoria leur offrit l'hospitalité, d'accord en cela avec le gendre du Roi Louis-Philippe, Léopold Ier, Roi des Belges, qui avait la jouissance de ce château.

Chose frappante et digne d'être remarquée ! Dans ce brusque départ de France, au milieu de tous les dangers et des péripéties d'une fuite, au milieu d'une population qu'on aurait pu supposer hostile, partout, à chaque instant, le Roi Louis-Phi­lippe est reconnu, et partout, à Dreux, à Évreux, à Trouville, à Honfleur, au Havre, à mesure qu'il s'avance dans sa pénible route, les dévouements se multiplient. C'est que, dès que les événements de Paris avaient été connus en province, la stupeur, la consternation avaient gagné les populations. La révolution de février ne répondait à aucun désir des français ; elle était subie, mais non acclamée. Beaucoup de ceux qui réclamaient une réforme électorale n'avaient jamais eu la pensée de renverser le trône. On l'a dit avec raison : ce ne fut pas la nation française, mais cinquante conspirateurs, et deux mille bandits,  qui, usurpant ses droits, proclamèrent la République le 24 février 1848 (2).

« Il y avait, a dit justement M. Cuvillier-Fleury (3), un Roi bon politique, nullement charlatan, homme sérieux et positif, très actif et très prévoyant, qui se contentait de gouverner selon les lois, de donner protection à tous les intérêts, et qui disait aux gens : «  Vivez tranquilles, semez, labourez, commercez, échangez, enrichissez-vous. Faites des livres, et tâchez de les écrire en bon français ; faites des tableaux, et portez-les dans les musées. Soyez libres en respectant la liberté ! Soyez reli­gieux en respectant les consciences ! Soyez libé­raux sans troubler l'État ! Soyez progressifs, si vous le voulez, pourvu que le mieux ne soit pas la corruption du bien ».

« Mais quoi ! un Roi qui parle un pareil langage, qui ne demande à son peuple que d'être heureux, qui ne lui procure aucun spectacle extraordinaire, aucune émotion qui ne sait ni inventer l'impossible, ni pour chasser le chimérique, ni exalter l'inconnu ; un Roi qui est franc, sincère, pratique, le Roi légal d'une nation libre ! un pareil régime avait duré dix-huit ans ! n'était-ce pas trop ?... Si vous recherchez les vraies causes de la révolution de février, les voilà ! ».             

«  La République est faible (dit un peu plus tard le Roi à M. Cuvillier-Fleury) ce n'est pas une raison pour qu'elle périsse. Les gouverne­ments, en France, ont plus de facilité à s'établir parce qu'ils sont faibles, qu'à durer quand ils sont forts. Faibles, tout leur vient en aide. « Les bourgeois de Paris ne m'auraient pas renversés, s'ils ne m'avaient cru inébranlable. »

Mot juste et profond, après lequel il n'y a plus rien à dire sur cette révolution qui a eu tout l'odieux d'une catastrophe, et tout le ridicule d'une duperie.

 

(1) Pour donner une idée de la légèreté avec laquelle M. de Lamartine raconte la révolution de février, nous croyons devoir citer ses propres expressions : ... « Cinq jours entiers, dit-il, un vent contraire, une mer terrible s'opposent au départ de ces bâtiments. Le Roi, dévorant les heures, se ronge d'impatience et d’inquiétude ; il va et revient plusieurs fois, à travers champs, et par les tempêtes de la nuit, de sa retraite (Honfleur) au port du Havre à sa retraite… »   

M. de Lamartine parle du Roi, passant et repassant entre Honfleur, à travers champs ! il est le seul à ignorer qu’entre ces deux villes il y a un large bras de mer !...

Histoire de la Révolution de 1848, par M. de Lamartine. Tome II, pages 70 et 71.

(2) Il nous semble assez curieux de rappeler ici l’évaluation des dévastations qui eurent lieu dans le domaine privé du Roi Louis-Philippe, le 24 février 1848. Nos chiffres sont empruntés au remarquable ouvrage : Le Roi Louis-Philippe. - Liste civile, par le comte de Montalivet, ancien ministre, exécuteur testamentaire et fidèle ami du Roi, qu'il servit jusqu'à sa mort avec le plus constant et intelligent dévouement.

Pendant trente ans, prince ou roi, Louis-Philippe s’était plu à embellir, par de grands travaux, le Palais-Royal et le château de Neuilly. Quelques heures ont suffi pour anéantir l’œuvre de tant d'années !

Trois résidences royales, les Tuileries, le Palais-Royal et Neuilly ont été envahies par les insurgés du 24 février. Le Palais des Tuileries faisait partie du domaine de l'Etat, et en 1840 le Palais-Royal avait fait retour à l'État, à la charge du public, d'indemnités stipulées par les lettres-patentes de 1692 et la loi du 2 mars 1832.

Le château de Neuilly seul faisait partie du domaine privé. Cette résidence favorite du Roi a été incendiée et pillée de fond en comble. On remarquera que, pour l'évaluation seule des bâtiments détruits et saccagés, on trouve un peu plus de trois millions de francs ! Pour les 914 œuvres d'art, tableaux, dessins, gravures, etc., détruits au Palais-Royal ou à Neuilly, on constate une perte de 768 780 F, et pour une magnifique collection de 813 médailles et d'un millier de volumes des biblio­thèques, on arrive, au chiffre de 85 100 F. Si l'on récapitule, on trouve les chiffres suivants :

Bâtiments               3 065 246  

Objets d'art               768 180

Bibliothèques              85 100

Mobilier                 2 460 750

Écuries                      231 757

Caves                        326 421

Ce qui fait un total, pour les dévastations, de 6 938 054.

Environ sept millions de francs ! et cette évaluation, faite en 1850, est entiè­rement indépendante des pertes de tout genre supportées par la Reine et par les autres Princes de la famille royale. M. de Monta­livet n'a tenu compte, dans son travail (appuyé de documents justifi­catifs) que de ce qui était personnel au Roi Louis-Philippe. Que l'on juge maintenant si notre épithète de bandits est bien méritée pour les vainqueurs de Février !

(3) Portraits politiques et révolutionnaires, par M. Cuvillier-­Fleury, chez Michel Lévy (1850).

 

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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 00:00

Un Viginet apparaît lors d'un procès

 

Les faits préliminaires

 

Des plaintes s'élevaient depuis longtemps contre l'interven­tion illégale du duc d'Orléans et de la camarilla dans la direction de l'armée. Le National avait déjà signalé plusieurs fois les effets désastreux de cette influence, lorsque parut inopinément l'or­donnance explicative de la loi du 14 avril 1832. Le National atta­qua cette ordonnance dans un article qui produisit une profonde sensation; le ministère public fit saisir ce journal, et usant de la faculté que lui donnent les lois de septembre, il l'assigna, dans les trois jours, devant la Cour d'assises de la Seine.

Trois chefs d'accusations étaient articulés contre l'article incriminé qui avait paru dans Le National du 24 avril, et que nous donnons ci-après.

Offense à la personne d'un des membres de la famille royale.

Provocation à la désobéissance aux lois.

Provocation non suivie d'effet au crime d'insubordination et de révolte militaire.

On trouve page 22 :

M. le président. - Accusée Grouvelle, levez-vous. Vous avez été signalée dans l'instruction, et presque dans le public, comme distribuant des secours abondants aux malheureux; vous visitiez les hôpitaux et les prisons. Une lettre d'un sieur Viginet apprend que, pendant le choléra, vous étiez allée à l'hospice du Lazaret, et que là vous donniez des secours à lui et aux autres. Cependant l'instruction fait remarquer que vos secours s'appli­quaient principalement à ceux qui professaient l'opinion répu­blicaine.

- R. Cela n'a rien d'étonnant, puisque cette opinion est la mienne.

 

Source : Procès et acquittement du National poursuivi pour avoir défendu l'égalité, les droits de l'armée. La loi contre le privilège et le régime des ordonnances; contenant l'article incriminé, le débat, les réquisitoires; la plaidoirie et la réplique de Me Michel (de Bourges), député de Niort, Paris, Pagnerre éditeur, rue de Seine, 14 bis, 1838.

                                                                                                    Le petit Viginet, n°27, novembre 2008

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14 janvier 2009 3 14 /01 /janvier /2009 01:09
Onomastique
 
DANGLARD

 

     Vient probablement d'anglada, désigne la terre, le champ en angle. Surnom de celui qui possédait un tel champ.


Gérald Vigineix

 


Le petit Viginet
, n°26, septembre 2008

 

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27 décembre 2008 6 27 /12 /décembre /2008 00:00

Acquisition d'une maison

par Jean VlGINÉ  et  Geneviève Foucher

 

 

Acte passé devant Me Jacques Chappeau, notaire à Beaune-la-Rolande (Loiret), le 12 janvier 1808 (archives départementales, cote 3 E 374).

 

Pardevant Jacques Chappeau, notaire à la résidence de Beaune, chef-lieu de canton soussigné,

fut présent Jacques Gaucher, garçon majeur, demeurant à Beaune,

lequel a reconnu avoir, par ces présentes, vendu avec promesse de garantie de fait et de droit à Jean Viginé, terrassier, demeurant à Beaune, hameau de Romainville, et de Geneviève Foucher, sa femme qu'il autorise à l'effet des pré­sentes aux présents acquéreurs et acceptant pour eux hoirs et ayant causes,

une maison sise au dit lieu de Romainville, commune de Beaune, consistant en une chambre basse ayant four et cheminée, une autre petite chambre basse ensuite ayant également cheminée, grenier au-dessus des dites chambres, une étable à vache attenant à la dite maison, un cellier ensuite, une grange, une fou­lerie attenant à la seconde chambre, le grenier au-dessus de la première chambre couverte en tuiles, et le surplus des autres bâtiments en paille, tenant le tout d'un long orient aux mineurs Jean Bouvet et occident à la rue de Romainville et d'un bout du levant aux sieurs Chappeau et Rousseau et au cou­chant par les dits mineurs Bouvet et au jardin Copert, cour ensuite des dits bâtj­ments, communauté au puits qui existe dans la rue de Romainville proche des bâtiments des dits sieurs Chappeau et Moneray. Plus une cuve tirant vingt huit hectolitres vingt quatre litres (ou douze poinceaux) garnie de sept cercles en entiers et placée dans la foulerie dont est ci-dessus.

Plus et dix sept ares (ou demi setier d'arpent) de terre, jardin derrière les dits bâtiments tenant d'un long aux sieurs Chappeau et Mondenay et aux mineurs Jean Bouvet, du sud le sieur Picard et aussi sud les dits bâtiments.

Procédant au dit Gaucher, vendeur, de ses propres de la succession de Catherine Bernier, sa mère.

A prendre les dits bâtiments par les acquéreurs en état où ils sont maintenant et les morceaux de jardin comme il se poursuit et comporte pour même percep­tion ni réserve pour par les dits acquéreurs entrer en jouissance du jardin dès ce jourd'hui, de la maison et bâtiments le jour de saint Jean Baptiste prochain, et en disposer par ces deniers comme bon leur semblera à effet de quoi ce paiement faisant de la part des dits vendeurs qui garantit ce que dessus vendu franc et quit­te de toures dettes et hypothèques du passé jusqu'à ce jour exceptés celles ci-­après.

La présente vente est faire à la charge pour les dits acquéreurs ainsi qu'ils s'y obligent ensemble conjointement et solidairement l'un pour l'autre pour le tout sans division pour leur renonciation requise de payer à la décharge du vendeur : la somme de neuf francs quatre vingt sept centimes moitié centime, repré­sentant dix livres tournois de rente foncière par chacun payable ce jour de saint André au principal de cent quatre vingt dix sept francs, représentant deux cents livres tournois dû à la fabrique de Beaune suivant dernier titre Nouvel reçu devant Me Delacroix, notaire à Beaune le quatre ventôse an dix enregistré à Boiscommun le dix neuf des dits mois et an.

Et la somme de deux francs cinquante centimes aussi de rente foncière par chacun au principal de cinquante francs dû au sieur Roche de Fontainebleau, faire en sorte que pour raison des principaux et arrérages des dites rentes le ven­deur n'en soit juste inquiété en quelques sortes que ce soit auprès de toutes pertes, dépenses, dommages et intérêts, et de faire et commencer la première année de payement aux créanciers de mil huit cent huit et ainsi continuer l'an venu les dits jours jusqu'aux remboursements.

Et en outre la dite vente est encore faite moyennant la somme de six cents francs, laquelle dite somme de six cents francs les dits requérants promettent et s'obligent ensemble et solidairement comme dessus de payer au dit vendeur le consentant le jour de Toussaint mil huit cent huit sans intérêt à peine.

Pour sûreté de laquelle dite somme de six cents francs, prix de la présente, des principaux et arrérages des dites rentes, les objets sus-vendus demeurants hypothéqués et ycelles, outre ce les dettes acquéreurs ont encore hypothéqué ce ycelle, trente huit ares vingt six centiares (ou soixante quinze perches) de terre et vigne en plusieurs morceaux situés sur le terroir de Beaune.

Car ainsi promettant, obligeant et renonçant, fait et passé à Beaune, étude du notaire soussigné le douze janvier d'avant midi, l'an mil huit cent huit, pré­sence des sieurs Louis Cauvent Boyarteau et de Martin Gabriel Coupy, huissiers intervenants à Beaune, témoins qui ont signé avec nous ainsi que la dite femme Viginé, quant au sus-dit Viginé et Gaucher, ils ont déclaré ne savoir signer de ce interpellé, lecture faite.

 

Le petit Viginet, n°27, novembre 2008

 

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